La phrase est courte, glaciale et sans couleur. Notre cher confrère Hakim Anker est décédé mercredi à Casablanca, après une lutte qui aura duré un mois contre le coronavirus. La nouvelle, ma foi, m’a laissé sans voix; Hakim était particulièrement cher à mon coeur, un frère, suis-je tenté d’écrire. Frère de plume, que j’ai eu le plaisir de connaître et côtoyer depuis les années 90 du siècle dernier, du temps où il était encore journaliste au Groupe Maroc Soir.
Un journaliste, un vrai, il l’est resté jusqu’au dernier soupir; il y a d’ailleurs cru, et rien n’a eu raison de sa passion pour « le plus beau métier du monde », pas même les « burn-out », les tracas d’un métier énergivore, ses imprévus, ses aléas, ses questionnements, ses doutes…
Au plus fort des tempêtes, Hakim a toujours su rester fier et digne. Ce n’était d’ailleurs pas un hasard s’il répétait en toutes circonstances: « la dignité avant et après tout ».
Il y est resté attaché, affrontant son ultime destin avec ce beau sourire qui ne l’a jamais quitté, ce sens de l’humour endémique et surtout cette passion inoxydable qui vous donne la force de vous réveiller chaque matin avec l’envie de vous surpasser, de faire mieux encore et encore.
Mon dernier contact avec Hakim remonte au 6 juillet 2020, quand après avoir lu une chronique de lecollimateur.ma, « Point de mire », « Le président algérien en visite au Maroc », il m’écrit sur le mode de l’humour: « Tu as fini par m’avoir, mon ami! ».
Il y a cru, et même l’auteur de ce canular continue d’y croire, avec l’espoir de voir se rapprocher un jour ces frontières qui nous ont tant séparés.
Hakim a emporté cet ultime espoir dans sa tombe, je suis persuadé qu’il continuera à le porter plus haut, autant qu’il l’a fait, vivant, pour son métier et surtout son pays, le Maroc, qu’il a servi avec une abnégation sans faille, une foi inlassable et un amour désintéressé.
Que puis-dire de plus, Hakim?
À l’heure où je mets en ligne, mes yeux s’embuent…
Puisse Dieu t’accueillir dans son vaste Paradis et accorder patience et réconfort à ton épouse et à ton fils unique.
Nous sommes à Dieu et à Lui nous retournons.