Mme Akharbach plaide pour une plus grande contribution des médias à la citoyenneté mondiale et solidaire

La Présidente de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA), Latifa Akharbach, a plaidé, jeudi lors d’un webinaire organisé par le Centre Nord-Sud du Conseil de l’Europe, pour une plus grande contribution des médias à la citoyenneté mondiale et solidaire.

« Du point de vue du régulateur, l’apport des médias classiques et nouveaux à la mobilisation internationale et au développement de l’action solidaire est précieux et spécifique, mais le traitement de ces questions par les grands médias internationaux n’est pas exempt de stéréotypes, de simplifications abusives, de superficialité ou de partialité », a souligné Mme Akharbach lors de ce webinaire sous le thème « Solidarité internationale : Quels chemins pour des changements durables ? ».

Pour illustrer la contribution des médias classiques et nouveaux à la mobilisation des solidarités nationale et internationale, Mme Akharbach a relevé que « l’action et le suivi médiatiques facilitent la compréhension des inégalités économiques et sociales, des diversités culturelles et humaines, des interdépendances internationales, des solutions efficaces pour construire un monde solidaire ».

Cependant, a-t-elle estimé, le traitement médiatique consacré aux questions humanitaires et aux multiples actions de solidarité dans le monde d’aujourd’hui appelle de nombreuses remarques.

Les régulateurs des médias au Maroc comme ailleurs, s’intéressent à cette question car « leur mission est de promouvoir dans les contenus médiatiques, les principes des Droits Humains et les valeurs démocratiques d’égalité citoyenne, d’inclusion et de vivre-ensemble ; mais aussi de lutter contre les stéréotypes de genre, le discours de haine et le racisme », a observé la présidente de la HACA.

A cet égard, Mme Akharbach a pointé certains manquements et distorsions de la couverture médiatique internationale des questions de solidarité et de développement tels que l’intérêt sélectif, le traitement déséquilibré, l’inégal accès aux médias et le défaut d’investigation.

« L’intérêt pour les victimes des attentats terroristes dans le monde n’est pas le même », a-t-elle donné en exemple, faisant observer que « les musulmans sont de loin les premières victimes du terrorisme islamiste mais ils ne bénéficient pas du même intérêt médiatique que les victimes de ce terrorisme dans les pays occidentaux ».

Tout en rappelant l’engagement de la HACA dans le suivi du traitement médiatique de la question migratoire, Mme Akharbach a rappelé que, réunis en marge de la conférence onusienne sur le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, tenue à Marrakech, en décembre 2018, les régulateurs africains avaient relevé que « la migration internationale implique moins de 4% de la population mondiale mais était présentée par certains médias puissants comme un « raz-de-marée », un « tsunami » ou encore une « invasion », entre autres.

Elle a également regretté lors de son intervention que « pour attirer et retenir l’attention d’un public nombreux, les médias privilégient de plus en plus un traitement basé sur l’émotion et le spectaculaire au détriment de l’investigation ».

Ce webinaire organisé par le Centre Nord-Sud du Conseil de l’Europe s’inscrit dans le cadre de la campagne « Un monde, Notre monde #Solidaction » qui constitue un appel mondial à la mobilisation collective pour la solidarité et la lutte contre les inégalités.

Le Centre Nord-Sud, créé en 1989 et basé à Lisbonne, est la plus ancienne organisation politique des États européens. Comptant 21 Etats membres dont 4 membres non-européens dont le Maroc. Il opère principalement via des actions de sensibilisation, de renforcement des compétences ou encore de plaidoyer dans les domaines de l’éducation à la citoyenneté et du renforcement du rôle de la jeunesse et des femmes.