**Une offre électorale insignifiante.
Les partis politiques marocains sont plus préoccupés par le « COMMENT » (dans le sens le plus « étroit », parfois le plus « terre-à-terre ») pour remporter le maximum de sièges lors des consultations électorales.
Au service de ce « comment », sont déployés des « astuces », des « stratagèmes » et des « manœuvres » pour attirer les électeurs potentiels ou fidéliser les anciens.
Leur mission et leur devoir de proposer des offres électorales sérieuses et cohérentes en matière de « politiques publiques » leur font défaut.
Encore faut-il qu’ils soient dotés de ressources humaines qualifiées pour faire des projections socio-économiques viables. Les hauts potentiels fuient souvent les partis politiques. Et même leur fonctionnement interne est fait de combines. Les plus malins et les plus roublards arrivent au sommet.
Certains de leurs leaders et équipes dirigeantes traînent des « casseroles » et leur parole ne porte pas quand ils prétendent défendre l’intérêt général.
Champions des promesses non tenues, dès qu’ils arrivent au pouvoir, il y a un fossé entre leur discours et leurs actes. Conscients de cette image négative, ils se rabattent tous vers un autre type de « séduction » pour attirer les électeurs.
Pour les candidatures, ils optent souvent pour des « notables » solvables, connectés à un « micro territoire » et qui sont habitués à rendre des petits services. Ce profil est suivi par les électeurs pour des motifs personnels. Le notable n’est jamais choisi pour une éventuelle offre électorale du parti au nom duquel il se présente.
Nous éviterons de parler, par commisération, de la haïssable pratique du monnayage des voix et de l’achat des consciences. Plusieurs de ses partisans ont été épinglés par la justice.
**Le « scrutin de liste » dénaturé…
Pour surmonter cette dérive, il y a eu un « consensus » national pour essayer le « scrutin de liste ». L’objectif était d’orienter les électeurs non pas vers des « individus »… mais vers des « listes » afin de « casser » la personnalisation du vote et privilégier le parti.
On s’est dit, enfin, les candidats seront liés à une vision, des convictions, des valeurs, des principes défendus par un parti… L’individu va s’effacer au profit du parti. Ce qui est une bonne chose pour la démocratie.
Les résultats ont montré que le parti qui a le plus profité du mode de scrutin de liste est le PJD. Il était inconnu et son discours avait « séduit ». On allait voir ce qu’on allait voir… !!!
Mais, hélas, la pratique a montré les défaillances d’un grand nombre de ses élus. Plusieurs se sont enfoncés dans des affaires inacceptables. Cette vitrine idéologique imprégnée de religion, de vertu, d’intégrité et de probité a volé en éclats. Même le bilan socioéconomique est contesté.
On comprend donc pourquoi le PJD tient au « scrutin de liste » et à un « quotient électoral » qui a tellement fait ses affaires.
**La question du quotient électoral
Le PJD est forcément favorisé par un « quotient électoral » calculé sur la base des « voix exprimées » (5 790 552). Il rejette son calcul sur la base du nombre des inscrits sur les listes électorales (15 702 592). Chiffres des législatives de 2016.
Ces inscrits qui ne se sont pas déplacés le jour du vote (rejetés par le PJD) reflètent bien quelque part une « sensibilité politique » dont il faut tenir compte. Leur attitude abstentionniste doit être intégrée dans l’analyse. Elle a du sens. Ce ne sont pas des « parias ».
Le PJD n’en veut pas et il tient à rester en « comité restreint » pour le quotient électoral… car son électorat, minoritaire mais discipliné, rend possible tous les « miracles ».
On comprend pourquoi on a eu cette « étrangeté » en 2016 qui a permis à une minorité de 1 571 659 voix PJD d’obtenir 125 sièges de députés sur 395. Une victoire électorale arithmétique et certainement pas une adhésion sociétale massive !
**Une victoire anticipée
Ce parti se positionne déjà en « vainqueur » pour 2021 et défie les autres partis de se mesurer à lui et à son influence. Il semble avoir bien préparé les prochains scrutins.
Non pas sur la base d’un programme électoral (auquel personne n’y croit) mais sur la base d’une action de proximité et de longue haleine. Selon la formule d’un observateur : « le PJD travaille au corps à corps les électeurs ! ».
Il a déployé une stratégie soutenue de subventions tous azimuts (appuyée par les conseils communaux qu’il dirige) en faveur d’associations sportives, culturelles, sociales… Elles seront évidemment présentes le jour du vote.
Il a réussi un exploit politique en brouillant l’équation. Il emploie les méthodes d’un « notable » rendant des services de proximité à tout électeur potentiel… mais il reste attaché au « scrutin de liste » comme s’il défendait un « programme électoral »…
Sachant évidemment que le « populisme religieux » ne peut jamais constituer le fondement d’une gouvernance socio-économique moderne et consensuelle.
Avec le PJD qui a perfectionné la démarche, les autres partis politiques sont aussi des « machines électorales » liées à des intérêts individuels.
Avec des leaderships inaudibles et dépourvus de charisme, il est fort probable que l’abstention ait de beaux jours devant elle ! Peut-on espérer un sursaut ?
Pour ceux qui usent de démagogie en parlant de « tabkhisse » du jeu électoral, ils doivent comprendre que l’écrasante majorité de l’électorat est excédée et désabusée par le double discours.