Mais quelle mouche a piqué Driss Al Azami pour s’en prendre aussi violemment aux internautes qui réclament la suppression de la retraite des parlementaires ?

Le député-maire de Fès Driss El Azami et président du conseil national du PJD qui a failli battre Saad Eddine El Othmani à la tête du parti (à peine 94 voix de différence) est devenu l’homme fort des islamistes. L’ex-ministre délégué au budget sous le gouvernement Benkirane qui a été, aussi, président du groupe parlementaire, s’érige aujourd’hui comme l’économiste en chef du PJD.

Mais comme tous les dirigeants de ce parti, il est tout aussi capable de disserter sur des sujets importants que de tomber dans les méandres du populisme frisant, parfois, la médiocrité. C’est ce qui lui est arrivé, mardi dernier, lors de la réunion de la commission des finances et du développement économique.

Très remonté, Driss El Azami a tiré à boulets rouges sur les internautes en employant un langage populaire et populiste qui ne sied aucunement à son rang et à sa réputation de  « star » des islamistes: « Ceux qui s’attaquent aux institutions du pays (NDLR: parlement) doivent savoir que les parlementaires ont eux aussi des enfants à nourrir. Est-ce que vous voulez que le Parlement travaille « Biliki » (gratuitement)? Pourtant, le gouvernement ne travaille pas « Biliki » tout comme les Walis, les gouverneurs, les directeurs, les chefs de services et les fonctionnaires. Contester aux parlementaires leur droit de percevoir des indemnités relève du pire populisme ».

Driss El Azami qui ne décolère pas a appelé les parlementaires à s’élever contre les agissements des internautes qui, dit-il, veulent qu’on travaille gratuitement: « Il faut qu’on réponde aux attaques et aux campagnes de dénigrement des influençeurs sociaux. Qui c’est qui les a fabriqués pour assombrir la scène politique et économique alors qu’ils ne produisent rien? Il faut qu’on mette fin à leurs agissements car ils croient qu’ils vont nous faire peur parce qu’on touche nos salaires à la fin du mois. Qu’ils viennent s’asseoir avec nous pour qu’ils vérifient nos situations financières au lieu de lancer à l’aveuglette des chiffres hasardeux ».

Un appel à peine voilé à la censure lancé par le dirigeant d’un parti arrivé au pouvoir par la voie de la démocratie, celle-là même qu’il veut aujourd’hui contester au commun des internautes dont le délit, semble-t-il, est d’avoir exprimé des avis contraires au sien propre.

Inacceptable…