La transformation numérique des usages médiatiques est éminemment une transformation culturelle des sociétés, a affirmé mercredi la présidente de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), Latifa Akharbach.
Intervenant au Forum International des Régulateurs organisé par visio-conférence par l’International Institute of Communications basé à Londres, Mme Akharbach a à cet égard rappelé que “les millenials n’appréhendent pas et ne perçoivent déjà plus leur rapport au monde avec la même focale que ceux nés quand l’information pour le grand public était véhiculée essentiellement par les mass médias”.
Mme Akharbach, qui intervenait dans le cadre du panel intitulé « Répondre à la transition numérique en matière d’accès au contenu et de réglementation » animé par Caroline Simard représentant le régulateur canadien et auquel ont participé également les dirigeants des instances de régulation d’Irlande et de la Barbade, a insisté sur le fait que « les questions de l’identité nationale, des représentations sociales, de la réception médiatique par les différents publics, de la citoyenneté culturelle ont gagné en complexité du fait de cette transformation numérique qui influence les individus et les sociétés et induit de ce fait des problématiques de nature éminemment politique ».
Citée dans un communiqué de la HACA, elle a également affirmé qu' »une des questions qui devraient préoccuper tous les responsables politiques est celle de savoir comment placer l’inclusivité, la diversité, la proximité et l’ouverture au cœur du modèle d’action publique culturelle à l’heure où les plateformes numériques transfrontières plus puissantes que tous les ministères de la Culture du monde servent l’hégémonie culturelle et favorisent les comportements consuméristes ».
Concernant les bonnes pratiques des régulateurs pour la promotion de l’inclusivité et de l’accès des citoyens aux offres de contenus médiatiques aux niveaux local et régional, Mme Akharbach a rappelé que la HACA a initié une mesure de discrimination positive de nature à renforcer l’équité territoriale en termes de déploiement des services radiophoniques et télévisuels dans les régions éloignées des grands centres urbains. Une réduction substantielle du montant des redevances pour utilisation des fréquences a ainsi été consentie en faveur des opérateurs qui élargiront la couverture de leurs services vers ces régions.
Les panélistes ont de même abordé la question des moyens d’action dont disposent les régulateurs afin de répondre à l’accélération de la transition numérique tout en continuant à promouvoir les cultures et les identités nationales et à garantir au public une information accessible et de qualité, fait savoir le communiqué de la HACA, ajoutant que les participants se sont également penchées sur la question de la préservation des marchés domestiques de la production médiatique et la promotion des contenus locaux.
Co-organisée en ligne du 7 au 9 octobre 2020, dans un format inédit en coopération avec le régulateur canadien des communications, le Conseil de la Radiodiffusion et des Télécommunications Canadiennes, l’édition 2020 de ce Forum réputé a proposé plusieurs panels, interventions d’experts et ateliers interactifs autour de nombreuses questions dont notamment le rôle des régulateurs en matière d’accès à la technologie et à l’information, en matière de protection du consommateur et de soutien à l’industrie ainsi qu’en matière d’accès et de réglementation des contenus à l’ère numérique.
Les travaux du Forum ont connu une forte participation des régulateurs des médias représentant plusieurs pays dont notamment l’Australie, les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, le Maroc, l’Afrique du Sud, Singapour, Hong Kong, le Mexique, la Jamaïque, la Barbade et l’Ouganda, selon la source.
La HACA est membre de l’International Institute of Communications, un think-tank international qui a été créé il y a un demi-siècle et basé à Londres. Il réunit représentants gouvernementaux, organes de régulation et acteurs de l’audiovisuel et des télécommunications issus de très nombreux pays sur les cinq continents, conclut le communiqué.