On ne peut parler du système éducatif marocain sans citer les dysfonctionnements du secteur, ni par ailleurs les tentatives de réformes menées pour répondre à la demande sociétale en la matière.
Ce constat a été mis en exergue par sa Majesté le Roi Mohammed VI lors d’un discours à la Nation adressé le 20 août 2013, et dans lequel il a considéré que « La situation actuelle du secteur de l’éducation et de la formation nécessite de marquer une halte pour un examen de conscience objectif permettant d’évaluer les réalisations accomplies et d’identifier les faiblesses et les dysfonctionnements existants ».
Parmi les dysfonctionnements généralement rapportés, il faut citer les taux élevés de déperditions et de redoublements à tous les niveaux, les faibles niveaux des acquis des apprentissages de base, ou encore l’inadéquation entre le profil des sortants du système et les besoins du marché du travail.
Résultat direct du cumul de ces dysfonctionnements, une situation généralement alarmante est décrite dans les rapports internationaux au sujet de l’enseignement au Maroc, et le classement du Maroc dans les rapports établis par l’UNESCO illustre l’échec de notre modèle d’éducation et sa résistance aux réformes.
Avec des chiffres alarmants, le rapport de l’Unesco (2014) sur l’état de l’éducation dans le monde, classe le Maroc parmi les 21 plus mauvais systèmes éducatifs à l’échelle internationale. 10ème au niveau arabe et 110ème sur les 160 pays qui ont fait l’objet de ce classement relatif à la qualité de l’enseignement en 2017.
Désormais un consensus est établi par l’ensemble des intervenants de considérer le système éducatif marocain souffrant d’une crise chronique. Constat appuyé, fortement, par sa Majesté le Roi Mohammed VI qui a déclaré, dans un discours délivré en 1999, ce qui suit:
« En dépit de notre riche et ancestral patrimoine et des traditions séculaires et enracinées que nous avons dans ce domaine, et malgré les efforts ininterrompus déployés tout au long de quatre décennies en vue de permettre à notre enseignement d’accompagner l’étape de recouvrement de l’indépendance et l’exigence de son édification, nous constatons qu’il souffre d’une crise chronique ».
Pourtant, la situation ne reflète ni la volonté politique, ni le cadre institutionnel et juridique régissant ce secteur vital. Sur le plan institutionnel, le Maroc dispose depuis 2014, en plus du département ministériel chargé de l’élaboration d’une politique en matière d’éducation, d’un Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, qui est une institution constitutionnelle.
Sur le plan juridique, l’éducation comporte une place prépondérante dans l’ossature dans les textes législatifs, ainsi que dans la Constitution de 2011.
En effet, la Constitution du Royaume dispose de plusieurs articles en relation avec l’éducation, notamment les articles 5, 18, 19, 25, 26, 31, 32, 33, 34, 35, 71, 159, 160, 163, 168, 169 de la Constitution.
A la lecture de l’article 31 de la Constitution, on remarque l’apparition de la notion du développement durable et de l’environnement sain comme un droit garanti. Dans ce cadre, il est légitime de se demander si l’éducation à l’environnement fait partie de nos préoccupations et celle de nos responsables.
En plus de la Constitution de 2011, la Charte nationale d’éducation et de formation, demeure le cadre de référence de la réforme. A la lecture de la charte, on recense l’utilisation du mot « environnement » à 20 fois, et il a été souligné l’importance de la mise en place de programmes permettant aux écoliers la découverte des notions, des concepts, des systèmes et des techniques de base appliquées à l’environnement naturel.
En effet, le système éducatif marocain n’est pas resté insensible à la dynamique politique impulsée suite à la participation du Maroc à la conférence de Rio, et a réalisé de réels progrès en vue d’intégrer l’éducation à l’environnement dans les écoles.
Les activités parascolaires, qui constituent le fer de lance de la matière représentent 25% des enseignants en milieu urbain et de près de 40% de ceux du milieu rural, et qui se résument principalement à des activités de jardinage et de reboisement, à des sorties sur le terrain, des actions d’embellissement de l’établissement, à des débats ou des activités thématiques réalisées dans le cadre de semaines culturelles. Sans oublier les matières comportant quelques notions de l’environnement dans les différents niveaux scolaires à savoir l’enseignement fondamental et secondaire.
On peut confirmer facilement la présence d’une éducation environnementale dans les écoles marocaines. Or les dysfonctionnements qui subsistent dans le système éducatif national nous amènent à penser que l’éducation à l’environnement n’est pas question de contenu dans des manuels scolaires, à l’instar d’autres unités didactiques, mais plutôt elle doit s’appuyer sur des méthodes actives impliquant l’apprenant et développant l’esprit critique et construisant une « identité » environnementale et une appartenance au milieu de vie.