S’il est une discipline qui gagnerait à être valorisée dans l’Espace public, c’est bien la sculpture. En lieu et place d’un espace urbain atteint de nudité chronique, le citoyen mérite d’avoir des ronds-points, des intersections et autres emplacement urbains bonifiés par ce que l’on nomme une œuvre artistique.
La démarche en soi est louable, surtout quand on sait la carrure de destination touristique de référence qu’ambitionne notre pays.
Nous avons toutes et tous en tant que citoyens le droit de manifester un mécontentement quand ladite œuvre nous paraît au minimum saugrenue, pour ne pas user d’un autre terme qui sied moins à la bienséance.
Au départ, une initiative citoyenne, dont le citoyen initiateur en question assure via ses sorties médiatiques qu’elle est bénévole, partant de sa volonté d’orner un rond-point de la commune dont il est issu, en l’occurence Mehdia, à proximité de Kénitra.
Immédiatement, s’ensuit une campagne de dénonciation et de dénigrement des deux poissons qui étaient en cours de finalisation.
Au-delà de l’aspect freudien basique, sujet que nos sociologues gagneraient à mieux aborder, il est regrettable de constater le poids des soldats numériques, adeptes d’un combat verbal et nihiliste vis-à-vis de n’importe quelle initiative nouvelle ou différente des standards communément admis.
Des standards qui du jour au lendemain deviennent caducs, l’art par définition étant une création toujours en renouvellement et en mutation.
La question essentielle qui se pose, c’est celle des mécanismes de prise de décision au niveau représentatif local, qui permettent des actions culturelles telles que celle citée précédemment, avortée dès le départ pour des raisons éminemment esthétiques.
Nous ne manquons ni de plasticiens ni de sculpteurs, qui peuvent participer à orner l’espace public, mais la prise de décision caractérisée par une opacité n’encouragent ni lesdites initiatives ni un artiste à se mettre en porte-à-faux face à une opinion publique prompte à se mobiliser pour des causes anecdotiques, occultant de ce fait les vrais maux de notre société.