Une incohérence gouvernementale, une de plus, mais de trop! Alors que le pays assiste à un rebond inquiétant des contaminations au coronavirus, environ 1000 cas par jour, le gouvernement semble oublier sa sacro-sainte fermeté sur la nécessité de la distanciation sociale, pour préparer le terrain à l’adoption des cours en présentiel à compter du 7 septembre prochain, qui coïncide avec la prochaine rentrée scolaire.
C’est en tout cas ce qui ressort du communiqué fleuve du département du chef du gouvernement, diffusé à l’issue d’une rencontre ayant réuni hier jeudi 6 juillet M. Saâd-Eddine El Othmani, et le ministre de l’Éducation nationale, etc, avec une délégation représentant les établissements d’enseignement privé au Maroc.
Passons sur la longue tirade dithyrambique du communiqué, sur « la gestion réussie de la pandémie du nouveau coronavirus et de ses répercussions » par le gouvernement, dont l’exploit, d’après les représentants de l’enseignement privé, serait d’avoir assuré « la poursuite de l’année scolaire »! Ce n’est pas étrange de la part d’un chef du gouvernement lui-même porté sur l’autosatisfaction.
Les hôtes de M. El Othmani et du ministre Amzazi n’ont toutefois pas fait le déplacement pour « faire des éloges » au gouvernement. S’ils l’ont fait, c’est pour exposer « les nombreux problèmes que posera l’enseignement à distance à la fois pour les établissements scolaires et pour les familles »!
Décryptons: les représentants des écoles privées veulent la réinstauration de l’enseignement présentiel. Et le département du chef du gouvernement a été on ne peut plus prolixe sur cette « revendication » des lobbies de l’enseignement privé, relayant de manière abondante un son de cloche au détriment de l’autre, soit la majorité silencieuse que sont les parents d’élèves et leurs représentants.
Le débat est encore une fois réduit à sa dimension strictement marchande, comme en témoigne cette interminable polémique autour des frais de scolarité.
Inutile de vous rappeler la grande fuite en avant du ministre Amzazi, quand il a allégué ne pas avoir d’attributions législatives pour imposer une solution aux lobbies de l’enseignement privé. L’intéressé qui s’est alors découvert la curieuse vocation de « médiateur » dans ce litige inédit, de surcroît virulent, revient cette fois, mais pour se faire l’avocat de l’enseignement présentiel!
Amzazi semble oublier ses propos enflammés sur les « vertus » des cours à distance, supposés révolutionner le mode d’enseignement au Maroc.
Mais passons, car il y va de la santé de nos enfants. Dans le fameux communiqué du chef du gouvernement, pas un seul mot sur les risques de contamination qu’encourraient les élèves en cas de réinstauration de l’enseignement présentiel. Le discours alarmant sur la situation épidémiologique tombe dès lors qu’il s’agit de défendre les intérêts des lobbies de l’enseignement privé au Maroc.
Au secours…