On gère très mal la réussite. La célérité et le courage avec lesquels le Maroc, sous la conduite sage et perspicace du Roi Mohammed VI, a affronté la crise due à la pandémie de coronavirus, en a été une, et pas des moindres. « Une gestion exemplaire de la crise sanitaire » ; « Le Roi du Maroc hisse la santé des Marocains en priorité » ; « Le Royaume, sous l’impulsion du Souverain, a initié d’importantes mesures en vue de contenir la propagation de la pandémie »… Ce sont là quelques titres de médias mondiaux qui ont hautement salué la qualité de la gestion de la pandémie du nouveau coronavirus dans le Royaume.
Pas besoin de revenir en détails sur les aspects de la riposte sanitaire, sociale, économique… à cette crise dont l’impact sur la géopolitique mondiale n’est pas à démontrer. Elle a été simplement remarquable.
Seulement voilà, on avait peur de gagner. Tout comme en football, l’inhibition finit par freiner l’ambition du début et du coup on est éliminé au premier tour! Et l’usage veut qu’on gagne une bataille ou deux, mais pas la guerre!!
Or, la question est de savoir gérer une guerre jusqu’au bout, le cas échéant la guerre anti-covid. C’est le résultat qui compte, à la fin des fins.
Hélas, les préposés à la gestion de nos affaires publiques, en tout cas la majorité d’entre eux, sont peu conscients de l’enjeu. Et les maladresses accumulées durant la période post-confinement sont en train de contrecarrer l’élan du début. Communication médiocre. Défaut d’anticipation flagrant. décisions prises à la hussarde (dont la dernière en date est l’interdiction des déplacements inter-villes, décidée dimanche dernier sans égard aux citoyens). Contradiction entre les discours et les actes (on incite les Marocains à sortir faire du tourisme et on se rétracte, le lendemain, pour leur demander de rester chez eux!)…
Pour illustrer ce regrettable cafouillage gouvernemental, quoi de mieux que de revenir sur le communiqué de dimanche dernier où on a relevé ce paragraphe ont ne peut plus maladroit et déplacé: « CETTE DÉCISION A ÉTÉ PRISE AU REGARD DU NON-RESPECT PAR LA MAJORITÉ DES CITOYENS DES MESURES DE PRÉVENTIONS (DISTANCIATION SOCIALE, PORT DU MASQUE, USAGE DES DÉSINFECTANTS), MALGRÉ LEUR DISPONIBILITÉ EN GRANDE QUANTITÉ DANS LES MARCHES, ENTRAINANT LA PROPAGATION DE L’INFECTION ET LA HAUSSE DES CAS ».
Remarquez que le ton menaçant est à peine voilé et un gouvernement digne de ce nom ne peut se permettre de menacer ses citoyens de punition collective, sous prétexte que les gestes barrières n’ont pas été respectés. Il y a d’autres manières plus efficaces pour sensibiliser les citoyens à préserver leurs vies, et la vie d’autrui. On pense au rôle du politique, le vrai, à la télévision qui, faut-il le cacher, communique très mal autour du danger guettant le citoyen, à celui des radios qui, toutes proportions gardées, bombardent à longueur de journées le citoyen à coups d’inepties, entre autres supports qui font de la course au buzz et aux clics leur fonds de commerce…
Peut-on se vautrer dans cette complaisance sans risquer de faire le jeu des ennemis qui attendent le pays au détour?
Quand l’agence de (presque) algérienne nous nargue sur « le recul démocratique »!!
Bien sûr, l’Algérie n’est pas mieux placée pour nous faire la leçon sur la question des libertés et de la démocratie. Si le chameau pouvait voir sa bosse, il en tomberait de honte. lecollimateur.ma n’en a d’ailleurs pas raté une pour démonter les bavures du régime vert-kaki, passé champion mondial dans les violations des libertés individuelles et collectives, la corruption, les passe-droits, le pillage systématique des richesses de son peuple…
Mais là n’est pas la question. L’agence de (presque) algérienne s’est servi d’un rapport de l’agence américaine « Bloomberg » pour distiller son venin sur le Maroc. « Bloomberg: le Maroc utilise la Covid-19 pour « museler davantage » la société »!!, a-t-elle youyouté, sans craindre le ridicule.
Bien sûr, on ne jette des pierres qu’à l’arbre qui porte des fruits. Le Maroc en a à revendre, bien entendu. Mais faut-il pour autant dormir sur ses lauriers? À quoi sert un fruit si on ne fait rien pour le vendre, marcketter, pour utiliser un terme cher à cette belle époque de rien?
En un mot comme en mille, il y a tout à revoir. Et d’abord et surtout sur le terrain de la communication gouvernementale, qui reste le plus retentissant fiasco des ratages.
À bon entendeur, salut!