
Par: Mohamed KHOUKHCHANI

Introduction : l’heure des choix fondamentaux.
À l’approche des élections législatives de 2026, le Maroc entre dans une période où se joue plus qu’un simple renouvellement parlementaire.
C’est une épreuve de vérité politique, un moment où se mesure la solidité de la transition démocratique engagée depuis les années 1970 et approfondie par la Constitution de 2011.
Ce scrutin représente bien davantage qu’une échéance institutionnelle : il révèle la capacité du pays à restaurer la confiance, à moderniser la vie politique et à intégrer une société marocaine en pleine mutation.
I. Réformes électorales : vers une recomposition du paysage politique
Les projets de réforme concernant : la loi organique de la Chambre des représentants, le statut des partis politiques et la loi relative aux listes et campagnes électorales, ne constituent pas de simples ajustements techniques. Ils portent l’ambition de moraliser la vie publique, d’encadrer plus strictement le financement politique, d’assainir les listes électorales, de renforcer le rôle du Parlement et de réduire les pratiques qui entachent la crédibilité du scrutin.
Mais ces réformes n’auront d’impact que si elles sont appliquées avec rigueur, loin de toute instrumentalisation.
II. Démocratie interne des partis : la condition sine qua non
Aucun renouveau politique n’est possible sans révolution interne dans les partis. Il est impératif que ces organisations rompent avec les leaderships figés, la prise de décision opaque, l’exclusion des jeunes et des femmes et la reproduction des mêmes élites.
La vie politique ne pourra retrouver son dynamisme que si les partis adoptent une gouvernance démocratique, crédible et exemplaire.
Un parti qui n’est pas démocratique en interne ne peut convaincre qu’il défendra la démocratie à l’échelle nationale.
III. Une génération nouvelle, exigeante et décidée
La jeunesse marocaine—numérique, informée, et de plus en plus politisée—ne s’accommode ni des discours traditionnels, ni des promesses vagues. Elle attend de la transparence, de la compétence, de la justice sociale et de réelles opportunités économiques.
Cette génération pourrait être déterminante en 2026, à condition que les partis sachent la considérer comme un acteur, non comme un décor électoral.
IV. Participation citoyenne : la clé de la crédibilité du scrutin
Le taux de participation aux élections de 2026 sera un baromètre sans équivoque.
● Une faible mobilisation affaiblit la légitimité des institutions.
● Une participation massive, au contraire, renforce la crédibilité du scrutin et envoie un message clair au monde à savoir que le Maroc avance vers une démocratie plus solide.
La responsabilité est partagée entre l’État, les partis politiques, les médias, la société civile et les citoyens. Car seule une mobilisation collective peut garantir une élection incontestée et respectée.
V. Économie, géopolitique et image internationale
Les progrès réalisés par le Maroc dans les domaines économiques et énergétiques—hydrogène vert, transition énergétique, logistique, industrie automobile, TGV, infrastructures du Mondial 2030—ont renforcé son attractivité.
Mais l’image d’un pays émergent doit impérativement être accompagnée d’un progrès démocratique tangible, faute de quoi le développement restera incomplet ou ambigu.
Conclusion : 2026, un tournant décisif ou un rendez-vous manqué
Les élections législatives de 2026 seront un moment charnière. Elles peuvent inaugurer une nouvelle phase, où la démocratie interne des partis, la transparence du processus électoral et la mobilisation citoyenne ouvrent la voie à une représentation politique renouvelée. Mais elles peuvent aussi, en cas d’échec, accentuer la défiance et fragiliser la cohésion nationale.
Le choix appartient désormais aux institutions, aux partis politiques … et surtout aux citoyens. Car c’est leur participation qui donnera, ou non au processus démocratique marocain la légitimité et la crédibilité escomptées.





