
Par: Marco BARATTO

Au cœur de la foi catholique, Marie est la femme de la promesse accomplie. L’Évangile la présente comme la jeune fille de Nazareth qui prononce un « oui » capable de changer l’histoire : une disponibilité totale à la volonté de Dieu, sans hésitation ni condition. Ce fait continue de résonner au fil des siècles comme un acte de liberté et de confiance radicale. Préservée du péché originel dès sa conception, Marie apparaît à la théologie catholique comme le sol pur dans lequel la Parole peut s’incarner sans aucune ombre de mal. Sa pureté n’est pas une simple vertu personnelle : c’est un don prévenant de Dieu, une grâce inscrite dans le projet de rédemption et qui anticipe le salut apporté par le Christ.
La spiritualité catholique a développé au cours des siècles un riche tissu de dévotions mariales : sanctuaires, pèlerinages, apparitions, iconographies et hymnes populaires qui accompagnent le chemin de générations entières. Dans chacune de ces expressions émerge un message fondamental : Marie est mère qui accueille, intercessrice qui écoute, consolatrice des souffrances du monde, et en même temps guide lumineuse du peuple de Dieu. Elle est la femme du silence et de la méditation, mais aussi la force qui soutient les croyants dans les moments les plus dramatiques de l’histoire.
Il est pourtant frappant de constater combien le Coran, livre sacré de l’Islam, attribue à Maryam un rôle étonnamment proche. Le texte islamique confirme sa virginité, son élection divine et la naissance miraculeuse de Jésus par l’action de l’Esprit. Maryam est décrite comme « choisie entre toutes les femmes du monde », modèle de pureté, de chasteté et de confiance en Dieu. Le récit coranique ne fait pas seulement écho à des aspects contemplés depuis des siècles par les chrétiens : il amplifie la maternité virginale, la protection divine et l’obéissance à un dessein dépassant la compréhension humaine. Ce point de rencontre constitue une ressource précieuse pour le dialogue entre chrétiens et musulmans : non pas un terrain neutre, mais une véritable convergence de vénération, un langage partagé capable de rapprocher des mondes souvent perçus comme éloignés.
De là naît une réflexion plus large : le monde contemporain, marqué par les incompréhensions, les conflits et les préjugés, a un besoin urgent de figures capables d’unir. Marie – la femme du fiat, la mère qui accueille, la croyante qui écoute et qui garde dans son cœur – peut devenir un symbole et un chemin de paix, non seulement pour les croyants, mais aussi pour tous ceux qui cherchent le dialogue, la réconciliation et la dignité humaine. Son rôle dépasse l’espace strictement religieux et s’ouvre à des dimensions culturelles, éthiques et sociales : Marie est un pont entre les peuples, les langues et les sensibilités ; une voix douce, mais d’une puissance immense, de communion.
C’est pourquoi beaucoup regardent avec espérance l’idée que le Pape Léon puisse bientôt entreprendre un voyage au Maroc, pays où la coexistence religieuse, est une valeur reconnue et cultivée. Un voyage placé sous le signe de Marie pourrait représenter un geste puissant de communion, un signe prophétique capable de montrer que la foi n’est pas division, mais unité ; que les traditions religieuses, loin d’être des frontières, peuvent devenir des ponts de fraternité. Ce serait une avancée significative vers une paix concrète, née de la reconnaissance de ce qui unit avant ce qui sépare : une paix que Marie, de l’Évangile au Coran, porte déjà dans son cœur.





