
Par: Mohamed KHOUKHCHANI

Un bon nombre de pays bâtissent leur prospérité sur une seule ressource naturelle : pétrole, gaz, cuivre ou diamants. Cette rente a souvent permis à certains États de passer de la pauvreté à la richesse, mais au prix d’une forte dépendance et d’une grande vulnérabilité économique.
Le Maroc, quant à lui, présente un modèle différent. Sa force réside dans la diversification de ses ressources et de ses secteurs stratégiques : phosphate, énergies renouvelables, automobile, aéronautique, industrie chimique, agriculture modernisée et logistique internationale. Et récemment, une découverte majeure, un gisement d’or près de Guelmim, est venue ajouter une nouvelle dimension à cette dynamique.
Pourtant, une question demeure essentielle : comment faire en sorte que cette richesse multiple profite à tous les Marocains, et en particulier aux habitants des zones rurales, montagneuses et enclavées, où la pauvreté reste encore profondément enracinée ?
1. Diversité des richesses : une opportunité historique
Le phosphate place le Maroc au premier rang mondial. Les énergies renouvelables (solaire, éolien, hydrogène vert) font du Royaume un acteur de référence en Afrique. L’industrie automobile est devenue le premier secteur exportateur du pays, dépassant les 14 milliards d’euros par an, tandis que l’aéronautique poursuit sa montée en gamme.
Dans ce contexte, la découverte d’un gisement aurifère important crée de nouvelles perspectives économiques. Le Maroc ne dépend plus d’une seule rente : il se construit un modèle diversifié et résilient.
2. Le défi territorial : quand les richesses ne profitent pas à tous
Malgré les transformations engagées depuis l’accession de SM Mohammed VI au Trône, la fracture sociale demeure visible :
● de vastes zones rurales manquent encore d’infrastructures,
● des régions montagneuses demeurent enclavées,
● des niveaux de pauvreté persistants,
● des services publics insuffisants ou inégalement répartis.
Limiter cette fracture n’est plus seulement un objectif : c’est une urgence nationale.
3. Ce que doivent faire les décideurs : élus et responsables de l’État
Pour que les richesses deviennent un moteur d’égalité, plusieurs axes d’action s’imposent :
a) Transparence et bonne gouvernance.
Les ressources doivent être gérées avec :
● un contrôle parlementaire renforcé,
● une lutte efficace contre la corruption,
● une gouvernance transparente dans les secteurs miniers et énergétiques,
● la publication régulière des revenus issus des ressources.
Sans transparence, il n’y a pas de confiance, et sans confiance il n’y a pas de développement durable.
b) Rééquilibrage massif des investissements publics
Les régions les plus pauvres doivent devenir la priorité budgétaire. Cela nécessite :
● des routes régionales et pistes rurales pour mettre fin au désenclavement,
● des écoles rurales modernisées,
● des centres de santé opérationnels,
● des incitations pour attirer des industries en dehors des grands pôles urbains.
c) Une économie plus redistributive
Le Maroc a besoin :
● d’une fiscalité plus juste,
● de politiques sociales plus ciblées,
● d’un Registre Social Unifié pleinement opérationnel,
● de programmes de soutien aux micro-projets dans les campagnes.
d) Capital humain et services publics.
Aucune rente naturelle ne remplace l’éducation, la santé, et la formation.
L’État doit investir dans l’humain avant tout.
4. Un Maroc en pleine transformation, mais encore inachevée
Les deux premières décennies du règne de SM Mohammed VI ont profondément modernisé le Maroc : routes, ports, TGV, énergie solaire, économie ouverte.
La décennie actuelle doit être celle de l’égalité et de la cohésion sociale.
Le Maroc possède aujourd’hui les ressources nécessaires.
Il possède l’ambition et une vision royale claire.
Il possède les infrastructures de base.
Il lui reste à accomplir l’essentiel :
■ faire profiter tous les Marocains de cette richesse collective;
■ réduire la fracture sociale qui perdure depuis des décennies;
■ créer un modèle économique équilibré, inclusif et équitable.





