
Par : Mohamed Khoukhchani

L’abstention de la Chine lors du vote de la résolution 2797 du Conseil de sécurité, relative au soutien du plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007, n’est ni fortuite ni dénuée de sens. Fidèle à sa diplomatie prudente, Pékin a choisi de maintenir une position d’équilibre, évitant de s’aligner sur un camp tout en exprimant une appréciation implicite pour l’approche réaliste du Maroc en matière de règlement politique du différend autour du Sahara.
Neutralité diplomatique ou soutien implicite ?
La Chine reste attachée à un principe constant : le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États. Confrontée à des dossiers similaires sur son propre territoire (Taïwan, Hong Kong, Tibet…), elle évite d’endosser toute initiative pouvant être interprétée comme un encouragement à la sécession.
Ainsi, son abstention sur la résolution 2797 traduit une neutralité prudente, qui laisse la porte ouverte à un dialogue constructif et à une reconnaissance tacite du plan d’autonomie marocain comme option sérieuse et réaliste.
Les intérêts économiques comme facteur déterminant
Depuis la visite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à Pékin en 2016, les relations sino-marocaines se sont hissées à un niveau stratégique.
Les deux pays ont signé plusieurs accords couvrant l’énergie, l’industrie, les infrastructures, les télécommunications et la coopération scientifique et culturelle.
Le Maroc est désormais une plateforme clé pour la Chine en Afrique, dans le cadre de l’initiative de la « Ceinture et la Route ».
Cette interdépendance économique explique la prudence de Pékin : elle préfère ménager un partenaire stable et ouvert, plutôt que de risquer un désaccord politique susceptible d’affecter une relation fructueuse.
Des liens anciens, hérités de la Route de la soie
Les échanges entre le Maroc et la Chine remontent à plusieurs siècles, via les routes commerciales reliant l’Orient et l’Afrique du Nord.
Sur le plan diplomatique moderne, les relations officielles ont été établies en 1958, deux ans après l’indépendance du Maroc.
Elles se sont renforcées avec la visite du Roi Hassan II à Pékin en 1988, puis se sont épanouies à partir de 2016 sous le règne du Roi Mohammed VI, donnant naissance à une coopération fondée sur la confiance et le respect mutuel.
Conclusion
La position chinoise vis-à-vis de la résolution 2797 illustre une diplomatie de stabilité et de pragmatisme.
Ce n’est pas une neutralité de désintérêt, mais un choix réfléchi dicté par la volonté de préserver la paix régionale et un partenariat économique florissant avec le Maroc.
Dans la logique de Pékin, la stabilité du Maroc est un pilier de l’équilibre africain et arabe, et la coopération avec Rabat s’inscrit dans une vision à long terme gagnant-gagnant.





