
Par: Marco BARATTO*

La décision de Washington de reconnaître la souveraineté du Maroc sur son Sahara ne fut pas un simple acte diplomatique. Elle s’est transformée en une orientation stratégique durable, qui redessine les équilibres régionaux et ouvre des perspectives économiques inédites. À New York, Christopher Landau, secrétaire d’État adjoint américain, a rappelé avec force que cette reconnaissance ne resterait pas théorique : les États-Unis veulent désormais encourager leurs entreprises à investir dans les provinces du Sud du Royaume, intégrant ainsi pleinement le Sahara marocain dans la carte des opportunités américaines à l’international.
Ce geste marque une étape importante dans une relation bilatérale déjà ancienne et solide. Le Maroc et les États-Unis entretiennent, depuis plus de deux siècles, des liens privilégiés fondés sur la confiance, la coopération sécuritaire et la convergence d’intérêts stratégiques. En affirmant sa volonté de soutenir l’essor économique du Sahara, Washington confirme que Rabat est bien plus qu’un partenaire régional : il devient un pivot incontournable de sa politique africaine et méditerranéenne.
Le choix américain est guidé par une vision claire
Dans un monde fragmenté, marqué par les tensions géopolitiques et les rivalités d’influence, Washington privilégie les partenariats avec des États stables, fiables et orientés vers l’avenir. Le Maroc incarne cette stabilité. Sous l’impulsion de réformes ambitieuses et d’investissements structurants, notamment dans les infrastructures, les énergies renouvelables et la logistique, le Royaume a su se positionner comme une passerelle entre l’Afrique, l’Europe et l’Atlantique. Pour les États-Unis, miser sur le Sahara marocain, c’est donc parier sur un territoire en pleine transformation, au cœur d’un pays qui aspire à devenir un hub économique continental. La portée de ce rapprochement dépasse le cadre bilatéral. En accompagnant le Maroc dans le développement de ses provinces du Sud, les États-Unis envoient un signal fort au reste du monde. Ils affirment leur volonté de consolider la stabilité régionale, de contrer les discours séparatistes qui alimentent l’instabilité, et de montrer que l’investissement est la réponse la plus crédible aux défis du développement. Cette approche reflète une conception pragmatique de la diplomatie : au lieu de s’enfermer dans des débats idéologiques ou stériles, Washington choisit l’action économique comme levier de paix et de prospérité.
Pour Rabat, le soutien américain représente une légitimation politique majeure et une opportunité économique sans précédent. Les projets déjà lancés dans le Sahara — ports, zones industrielles, énergies vertes, corridors commerciaux — trouvent ainsi un nouvel élan grâce à l’appui d’une puissance mondiale. L’arrivée attendue d’investissements américains conforte la stratégie marocaine d’intégration de ses provinces du Sud dans la dynamique nationale et régionale.
L’alliance maroco-américaine s’illustre également par une convergence sur des enjeux globaux : la lutte contre le terrorisme, la sécurité maritime, la coopération en matière de climat et d’énergies propres. Les deux pays partagent la conviction que la prospérité et la stabilité passent par des partenariats durables et par le renforcement de l’intégration économique. Dans ce contexte, le Sahara n’apparaît plus comme une marge, mais comme un moteur : un territoire capable d’attirer capitaux, talents et innovations, et d’ouvrir de nouvelles routes vers l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.
Il est frappant de constater que, tandis que certains pays hésitent encore à définir une position claire, les États-Unis ont choisi d’agir sans ambiguïté. Cette audace traduit une lecture lucide des réalités géopolitiques. Le Maroc est aujourd’hui l’un des rares pays de la région à conjuguer stabilité politique, modernisation économique et projection continentale.
Pour Washington, l’équation est simple : soutenir le Maroc, et en particulier le développement de son Sahara, c’est renforcer un allié fiable et s’assurer une position privilégiée dans l’une des zones les plus stratégiques du globe. Ce rapprochement marque donc une nouvelle ère dans la relation entre Rabat et Washington. Il ne s’agit pas seulement d’un partenariat de circonstance, mais d’un choix stratégique qui redéfinit la coopération bilatérale et envoie un message fort à la communauté internationale. Les États-Unis et le Maroc démontrent qu’alliance rime avec vision commune, que diplomatie peut se conjuguer avec développement, et que l’avenir du Sahara se dessine désormais sous le signe de l’investissement, de la prospérité et de la stabilité.
* Marco Baratto, essayiste italien, auteur du livre « Le défi de l’Islam en Italie »





