
Par: Noémie Taylor-Rosner (Le Courrier International)
L’assassinat, mercredi 10 septembre, de l’influenceur conservateur américain Charlie Kirk, tué par balle lors d’une réunion publique sur le campus de l’Utah Valley University, a suscité une onde de choc aux États-Unis.
Le militant – une voix majeure de la jeunesse pro-Trump – était “en train de répondre à une question politiquement sensible sur les fusillades de masse aux États-Unis lorsqu’il a été assassiné”, a raconté la journaliste du Deseret News Emma Pitts, qui couvrait l’événement et a assisté à la scène.
Des vidéos montrent Charlie Kirk s’effondrant sur sa chaise, apparemment grièvement touché au cou, tandis que des cris de panique se font entendre dans le public. “J’ai entendu un coup de feu et j’ai vu Charlie s’effondrer… Sa tête est partie en arrière, du sang giclait de son cou”, témoigne sur la chaine de télévision américaine CNN une jeune femme présente sur place.
La mort du podcasteur de 31 ans, qui avait été un rouage important de la dernière campagne électorale de Donald Trump, a été annoncée quelques heures plus tard par le président américain lui-même. Un suspect a été arrêté, avant d’être relâché plus tard dans la journée, selon le patron de la police fédérale (FBI), Kash Patel. Les recherches pour trouver le tireur sont toujours en cours.
La journaliste du Deseret Sun insiste sur le fait qu’elle “n’a pas eu le sentiment d’une forte présence sécuritaire” sur le campus, “ce qui l’a étonnée étant donné la personnalité controversée de Kirk”. La reporter indique avoir été “surprise de ne pas avoir été fouillée et que les sacs n’avaient pas été contrôlés à l’entrée de l’événement”.
“Baisser le ton”
Le comité de rédaction du New York Times voit dans l’assassinat de Kirk la preuve d’une “aggravation de la violence politique aux États-Unis”. “Notre rédaction n’était pas d’accord avec M. Kirk sur de nombreuses questions politiques, soulignent les journalistes dans un éditorial. Mais nous sommes profondément horrifiés par son assassinat.” “Quels que soient les motifs du tueur, il est clair que la violence politique est un problème qui dépasse les clivages idéologiques. Ces dernières années, des personnalités conservatrices, modérées et libérales en ont toutes été victimes”, remarquent-ils.
“Nous autres, Américains, avons perdu une part de notre empathie ces dernières années. Nous souhaitons trop souvent du mal à nos adversaires politiques. Nous agissons comme si la valeur d’une personne se mesurait à son identification en tant que républicain ou démocrate. Nous déshumanisons ceux avec qui nous sommes en désaccord”, remarque l’éditorial en appelant à “baisser le ton” et à “réfléchir à notre culture politique”.
Pour le quotidien conservateur The Wall Street Journal, la mort du militant d’extrême droite est “d’autant plus tragique” que ce dernier “avait construit son mouvement, Turning Point USA, à l’ancienne : par le débat politique”. “Sa méthode consistait à se rendre sur les campus universitaires et à accueillir tous ceux qui souhaitaient le confronter par des questions et des points de vue opposés, rappelle le journal dans un éditorial. Il le faisait au cœur de l’ère de la cancel culture et devant les pires foules enragées sur les campus, qui cherchaient à faire taire les intervenants conservateurs.”
“Un moment dangereux pour le pays”
Le comité de rédaction du Wall Street Journal estime qu’il s’agit d’un “moment désormais dangereux pour le pays, qui pourrait basculer dans un cycle de violence politique difficile à contenir”. Les journalistes appellent notamment Donald Trump à “faire preuve de leadership”. “En tant que président, en tant que survivant d’une tentative d’assassinat lui-même, et surtout en tant qu’allié politique et ami de Kirk, il peut aider le pays à s’élever au‑dessus de cette folie.”
Dans une vidéo publiée sur son réseau Truth Social, le président américain a immédiatement politisé l’événement en accusant les discours de la “gauche radicale” d’avoir contribué au meurtre de son allié, qualifiant Kirk de “martyr de la vérité et de la liberté”. “Mon administration retrouvera tous ceux qui ont contribué à cette atrocité et à toute autre violence politique, y compris les organisations qui les financent et les soutiennent”, a-t-il menacé.
Avant lui, plusieurs figures trumpistes avaient également qualifié Charlie Kirk de “martyr” tombé pour la défense des valeurs conservatrices et chrétiennes. Sur les réseaux sociaux, certaines d’entre elles ont appelé à “des représailles” contre la gauche, note Mother Jones. “Encore plus de personnes seront tuées si la gauche n’est pas écrasée par la puissance de l’État”, a notamment affirmé dans un post la militante d’extrême droite Laura Loomer, proche de Trump.
“Nous ne savons pas encore qui a [assassiné Kirk] ni pourquoi. Nous ne savons pas comment l’administration Trump va réagir. Mais ce que nous savons toutefois, c’est qu’il existe de bonnes raisons d’avoir peur”, estime le journaliste Zach Beauchamp dans une analyse publiée sur le site de Vox.





