Un nouvel acteur, et pas des moindres, fait une entrée en force dans la scène méditerranéenne promettant de chambouler complètement la donne géopolitique dans la région. Ce nouvel acteur n’est autre que la première puissance mondiale, les États-Unis, désormais premier fournisseur de gaz à l’Espagne brisant ainsi pour la première fois depuis trente ans, le monopole quasi-absolu d’Alger, jusqu’il y a peu premier fournisseur de gaz au royaume ibérique via le Gazoduc du Maghreb traversant le Maroc et MedGaz, qui relie les installations algériennes de Béni Saf jusqu’
Les statistiques fournies par la société chargée de la gestion des hydrocarbures en Espagne, CORES, et relayées largement par nos confrères espagnols, sont très éloquentes. « La relation commerciale de l’Espagne dans le domaine du gaz naturel, un carburant de base, connaît une révolution en 2020. Historiquement, le principal fournisseur, l’Algérie, a réduit ses exportations au niveau le plus bas au moins depuis 2004. Cette situation contraste avec la forte augmentation des importations de gaz en provenance des États-Unis, qui sont devenus en moins d’un an le principal fournisseur de gaz naturel entrant sur le territoire national. De janvier à mai 2020, l’Espagne a importé plus de 33 000 GWh de la première puissance mondiale, tandis qu’environ 30 000 GWh sont arrivés de l’Algérie », rapporte le site d’information espagnol « El Confidencial », dans sa livraison de ce samedi 11 juillet 2020, dans un article intitulé « Tour géopolitique: l’Espagne renforce ses relations gazières avec les États-Unis et tourne le dos à l’Algérie ».
Géopolitique. Quand les cartes d’Alger se brouillent
En effet, l’énergie est un élément clef dans le jeu géopolitique mondial, et dans le cas qui nous intéresse, celui du Maghreb et ses voisins du nord. Alger, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a toujours tiré profit de ses énergies fossiles pour en faire un instrument de pression sur le sud de l’Europe, principalement l’Espagne et l’Italie, pour tenter d’obtenir des « concessions » au bénéfice de la « république » chimérique « rasd », au détriment du Maroc qui se prépare désormais à intégrer, à son tour, le club des pays producteurs de gaz, grâce à ses importantes découvertes de gaz dans la région de Tendrara, située à l’est du Royaume.
L’entrée en scène des États-Unis, principal producteur de gaz de schiste, sur le marché européen, promet de redistribuer les cartes dans la région de la Méditerranée, qui offre avec le Détroit de Gibraltar, un couloir stratégique pour la circulation des biens et des personnes. L’arrivée du puissant protagoniste américain, allié historique du Maroc, implique de facto une réduction de la marge de manoeuvre d’Alger, qui a souvent instrumentalisé son leadership énergétique régional pour tenter d’affaiblir l’autre acteur majeur de la région, en l’occurrence le Maroc, qui est en train d’émerger en tant que puissance non seulement régionale mais aussi et surtout continentale.
Une tentative algérienne qui s’est déjà soldée par un échec retentissant, à plus forte raison aujourd’hui où le Maroc, puissant militairement et économiquement, s’impose comme un acteur majeur du jeu géopolitique dont les nouveaux contours commencent à se dessiner à la lumière non seulement de son potentiel énergétique (découvertes gazières à l’est du royaume, complexe solaire Noor à Ouarzazate, projet de pipeline avec le Nigeria), sans doute est-il l’interlocuteur le plus crédible et le plus écouté sur la scène internationale.
Ce n’est pas donc fortuit si l’Espagne est en train de tourner le dos à l’Algérie, aujourd’hui plus que jamais instable du fait de la crise politique inédite qui la secoue depuis le 22 février 2019 (déclenchement du Hirak anti-régime) et de la crise financière inédite qui l’affecte depuis 2014.