
DNES – Al Hoceïma: Siham Naciri
Le costume traditionnel amazigh fait partie intégrante de l’identité culturelle de la région du Rif marocain. Cependant, ce riche patrimoine a presque disparu au fil du temps, notamment dans la ville d’Al Hoceima.
Mais grâce aux efforts individuels de jeunes passionnés par le patrimoine, le costume traditionnel rifain a retrouvé sa place parmi les modes marocaines.
Dans une interview exclusive accordée à lecollimateur.ma, Amine Abed, un jeune créateur de mode d’Al Hoceima, nous parle de la renaissance du costume traditionnel amazigh, absent depuis plus de quarante ans.
Amine Abed raconte que ses débuts n’ont pas été faciles, mais plutôt une aventure stimulante, animée par une grande passion pour l’identité culturelle.
Il dit : Cette robe était presque disparue et n’était portée que par quelques mariées lors d’occasions spéciales. Mais j’ai décidé de la faire revivre pour qu’elle puisse reprendre sa place parmi les robes marocaines emblématiques, comme celles de Fès, de Rabat et des provinces du sud marocain.
De l’atelier à la garde-robe
Le voyage commence par l’esquisse de l’idée sur papier, puis par la sélection minutieuse des tissus, suivie de la sélection d’accessoires traditionnels rares, dont certains portent une histoire s’étendant sur des décennies.
Les modèles varient entre des créations artisanales et des créations sur mesure réalisées à l’aide de machines à coudre, selon le jeune couturier.
« Chaque pièce prend entre 15 jours et un mois, selon les détails requis. Quant aux prix, ils varient de 1 500 à 20 000 dirhams, surtout si la pièce est décorée de « free-naqra » et de broderies authentiques », dévoile-t-il.
Amine a ajouté que la popularité de ces créations ne se limitait pas au niveau local, mais était également largement sollicitée par la communauté marocaine à l’étranger, notamment parmi les habitants du Rif attachés à leurs racines.
« Je veux que cette robe ait sa place, comme d’autres pièces de mode marocaines. Nous avons une histoire riche et des pièces rares, comme la balgha que je possède, vieille de plus de 100 ans, et des accessoires qui ont entre 20 et 40 ans. »
Amine a appelé les jeunes créateurs à innover au cœur de leur identité, en déclarant : « Croyez en l’idée, partez des montagnes, cherchez des pièces rares et achetez-les à n’importe quel prix, car elles sont porteuses de sens et d’histoire, et évitez l’imitation et la copie, et créez ce qui reflète notre véritable héritage. », a-t-il exhorté.
Ce que fait Amine n’est pas seulement un projet de mode, mais un projet culturel et identitaire par excellence.
À une époque dominée par les styles importés et la fast fashion, Amine choisit de remettre la mémoire collective au premier plan à travers des tissus, des aiguilles et des histoires oubliées.
De telles initiatives individuelles démontrent que le patrimoine ne meurt jamais, mais n’attend que ceux qui croient en lui et lui donnent une nouvelle vie.