
Peut-on s’étonner encore aujourd’hui du scandale qui secoue le landerneau universitaire et l’opinion publique nationale, après les révélations fracassantes sur ces diplômes qui se vendent comme de vulgaires marchandises?
Une chose reste sûre: cette infamie aurait pu être évitée si et seulement si les cris d’alerte lancés étaient au moins écoutés par certains préposés à la gestion de la “chose” qui aiment s’écouter parler plutôt que d’écouter parler.
En voilà un, un vrai et pour de vrai, lancé il y a plus de deux décennies mais restant toujours brûlant d’actualité et toujours riche en enseignements. Celui de Mohamed EL Gahs, ancien directeur emblématique du quotidien “Libération” et ancien Secrétaire d’Etat à la Jeunesse, dont le mérite, entre bien d’autres, a vu venir le naufrage moral de la société… et de l’école publique en particulier. Voici quelques vérités jetées à la face de nos oublis, nos abandons, nos lâchetés et nos laideurs, extraites d’un ancien passage avec l’intellectuel Abdallah Laroui sur le plateau de l’émission « Fi Al Wajiha » (Au-devant de la scène) de notre consœur regrettée Malika Malak.
“Il y a des élèves qui trichent aux examens et considèrent cela comme un droit”… “Il y a des décrocheurs scolaires au niveau secondaire qui exigent un emploi dans la fonction publique et estiment que c’est leur droit”… “Il y a ceux qui travaillent dans la presse et considèrent la rumeur, la diffamation et la provocation comme un droit” … Et d’embrayer sur les pourfendeurs illuminés de ce que le genre humain a pourtant de plus beau et de plus noble: notre socle cultuel et culturel commun. “Il y a ceux qui s’en prennent à la religion, à la culture, à l’art et à la créativité et considèrent cela comme un droit”… “Où est l’autorité et que lui est-il arrivé?”, s’est interrogé M. EL Gahs, en précisant que “l’autorité” évoquée – et surtout invoquée – n’était pas celle du caïd ou du gouverneur, mais l’autorité de la Raison, de la loi, de la justice et de l’éducation.
Vous avez donc bien lu: l’autorité de la Raison. Notre rempart et notre garde-fou contre la tentation du vide.
Faut-il dès lors s’étonner si le bon sens politique, éducatif, journalistique, etc, a foutu le camp au gré de l’inconscience destructrice, de l’insouciance mortifère, des silences lâches, corrompus et coupables? Du haut de quelle ir-responsabilité peut-on donc continuer de « regarder ailleurs » et ne pas voir dans ce qui nous arrive autre chose qu’un naufrage de la raison et de l’éthique?
Courage, dormons!