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Algérie: L’arroseur arrosé

Par : Abdeddine Hamrouch

 

En 2016, lors d’un exercice militaire à Tindouf, Saïd Chengriha, alors commandant de la région militaire III, a qualifié le Maroc d’ « ennemi classique » de l’Algérie. Aujourd’hui, l’Algérie est cernée de toutes parts ou presque: menaces sécuritaires au sud (les États du Sahel), à l’est (la Libye morcelée), sans oublier l’instabilité chronique de la Tunisie de Kaïs Saïed. Décidément, la seule soupape pour l’Algérie, qui partage des frontières inflammables avec la quasi-totalité des pays de son voisinage, demeure le Maroc.

Et pourtant, les dirigeants du « Titanic » El Mouradia ne cessent de s’employer à troubler cette paix, en incitant la milice séparatiste à provoquer les Forces Armées Royales dans des escarmouches récurrentes ces deux dernières années. Il s’agit là d’un suicide politique pour Alger, qui continue de briller par une totale absence de réalisme pour prévenir les périls qui la guettent.

Mal est pris est celui qui croit prendre

Depuis son indépendance, l’Algérie s’est donnée pour doctrine de ne laisser échapper aucune opportunité de nuire au Maroc: fermeture hermétique de la frontière orientale, invention du « problème du Sahara », appui politique, militaire et logistique à l’entité séparatiste. Ce faisant, le régime algérien semble oublier une vérité stratégique élémentaire : tenter de déstabiliser le Sahara marocain, cette zone frontalière paisible, revient à menacer directement la sécurité nationale de l’Algérie. Dans cette logique absurde, le régime algérien s’apparente à celui qui se tirerait une balle dans le pied.

L’objectif était d’encercler le Maroc, mais c’est Alger qui se retrouve aujourd’hui piégée dans son propre isolement. La leçon des pays sahéliens, en rupture croissante avec le pouvoir algérien, devrait inspirer une lecture plus lucide de la situation régionale.

C’est là un paradoxe saisissant : tandis que le Maroc multipliait les signes d’ouverture, à travers notamment « l’Initiative Atlantique » visant à désenclaver le Sahel, à laquelle l’Algérie aurait pu prendre part activement, cette dernière s’évertuait à bloquer toute dynamique de rapprochement.

Il ne reste plus à Alger que Kaïs Saïed pour maintenir une illusion de solidarité, entretenue à coups de visites du ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf. La Mauritanie, elle, a choisi la voie de la sagesse : consciente de la complexité des équilibres géopolitiques régionaux et internationaux, elle a compris qu’elle avait plus à gagner dans une coopération étroite avec le Maroc qu’avec une Algérie isolée. Elle s’éloigne progressivement d’un Maghreb factice, artificiellement conçu sans le Maroc.

Avec la réaffirmation, par la nouvelle administration américaine, de la souveraineté marocaine sur le Sahara, et face à l’épouvantail une éventuelle inscription du Polisario sur la liste des entités terroristes, la position algérienne se retrouve davantage fragilisée.

Face à cette conjoncture internationale fluctuante et complexe — économiquement, commercialement et militairement — une lecture stratégique fine des rapports de force s’impose, il y va du salut de l’Algérie elle-même.

Mais le vrai problème est là : il n’y a tout simplement personne avec qui parler.

Hélas!

 

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