Par: Zakia Laaroussi

Au cœur même du sanctuaire universel de la culture, l’UNESCO, le Maroc s’est dévoilé dans toute sa splendeur et sa richesse. Non pas à travers une simple exposition d’artisanat, mais par une proclamation silencieuse et majestueuse de son authenticité millénaire et de la singularité de son héritage. Ce fut une célébration vivante, où l’histoire s’est lovée dans l’identité, où l’argile s’est embrasée au feu pour enfanter le zellige et le cuivre, tandis que la passion se tissait dans les fibres des somptueux caftans et des tapis marocains.
Cet événement ne fut en rien anodin. Il fut un hymne planétaire à l’âme marocaine, portée par une diplomatie royale éclairée, qui a su faire entendre la voix du patrimoine marocain dans les plus hautes sphères, affirmant avec éclat que le Royaume n’est pas seulement une nation, mais une civilisation vibrante, un souffle créatif inépuisable.
Dans les recoins de cette exposition, j’ai rencontré l’artisan d’exception, M. Raji Abdellatif, maître incontesté du zellige marocain traditionnel. Il parle de son art avec la ferveur d’un fils évoquant sa mère : « Le zellige, c’est ma mère. J’en vis, j’en respire, j’en rêve. » Initié dès l’âge de seize ans par le grand maître Mohamed Ennaji, il incarne la mémoire vivante de ce savoir-faire ancestral. Être ici, dit-il, au sein de l’UNESCO, sur invitation de M. Samir Dahhar, Ambassadeur de la culture marocaine, amoureux lui aussi du zellige, est pour lui une consécration, mais surtout la preuve que le Maroc sait la valeur de son patrimoine et s’emploie à le faire rayonner à l’international.
Mais sous cette lumière éclatante, l’inquiétude persiste. L’artisan tire la sonnette d’alarme : « Les mains qui dessinent, écrivent et façonnent deviennent rares… Il y a bien une prise de conscience parmi certains jeunes, mais il faut plus : des campagnes, de la formation, de la sensibilisation. Le zellige n’est pas qu’un art, c’est une identité. Et dans ce monde en tension, c’est un enjeu. »
Un peu plus loin, c’est Tiznit qui brille de mille feux grâce au talent de M. Akinz Ibourk, maître du cuivre ciselé. Là, les tapis berbères de l’Atlas et du Sahara déroulent leurs récits, entrelacés de mémoire et de poésie. Le caftan marocain, quant à lui, trône avec grâce, digne d’une reine sur son trône d’or : chaque couture, chaque broderie y murmure des siècles d’élégance et de savoir-faire. Et pour parachever ce tableau somptueux, les motifs de henné ornent les mains des visiteuses, rappelant que chez nous, la beauté est un acte d’âme, enraciné dans la fête et la mémoire.
Ce salon n’était pas qu’une exposition, mais un message. Un poème adressé au monde, signé du cœur marocain : nous sommes un peuple d’art et de lumière, passionné de son patrimoine, fier de le partager. Nous sommes la terre du zellige qui ne ressemble à aucun autre, du cuivre qui parle, du caftan qui enchante. Nous sommes un pays dont chaque pierre raconte la grandeur.
Il y a de quoi s’enorgueillir. Voir nos concitoyens — diplomates, créateurs, artisans — œuvrer, parfois dans l’ombre, à faire rayonner le Maroc culturellement est une source de fierté. Car la diplomatie marocaine, sous l’égide clairvoyante de Sa Majesté le Roi, ne s’exerce pas seulement sur les échiquiers politiques, mais aussi sur les scènes de l’identité. Et elle croit, à juste titre, que nul avenir ne peut s’écrire sans mémoire.
Alors oui, nous pouvons dire avec force : nous sommes fiers d’être Marocains.
Fiers de notre zellige qui chante, de notre cuivre qui murmure, de nos caftans qui racontent l’épopée d’un peuple.
Fiers de notre jeunesse qui se réveille à la beauté de ses racines.
Fiers de ce Maroc, lumineux de son patrimoine, resplendissant par sa diplomatie.
Et le Maroc, quand il resplendit… ne connaît jamais le crépuscule.