Par: Samia Mejrade
Alors que les pénuries d’eau s’intensifient sous l’effet du dérèglement climatique, le Maroc se positionne comme l’un des pays les plus engagés dans la lutte contre la pénurie d’eau. C’est ce que révèle l’enquête Water Insights 2025 de Grohe, leader mondial des solutions pour salles de bains et équipements de cuisine, menée auprès de plus de 20 000 consommateurs à travers le monde. Les résultats, dévoilés lors du salon ISH 2025 à Francfort, soulignent que 72 % des Marocains et résidents du Moyen-Orient perçoivent la sécheresse comme une urgence, tandis que 60 % affirment avoir déjà adopté des solutions pour économiser l’eau.
L’étude met en lumière une méconnaissance alarmante : 22 % des répondants estiment que la consommation quotidienne d’un individu se situe entre 1 et 10 litres, alors qu’elle atteint en réalité 144 litres en Europe. Seuls 8 % des Européens évaluent correctement ce chiffre. Cette dissonance révèle un besoin urgent de campagnes de sensibilisation précises, capables de transformer les intentions en actes.
Parmi les obstacles à l’adoption de technologies économes, le coût arrive en tête (28 %), suivi du manque d’information (25 %) et du désintérêt perçu (24 %). Ces chiffres appellent des réponses structurées : subventions pour les ménages, fiscalité incitative ou renforcement des normes techniques pour les constructions neuves. Des mesures déjà expérimentées dans des régions comme le Maroc et le Moyen-Orient, où 92 % des citoyens priorisent l’efficacité hydrique, contre 85 % en Amérique du Nord.
Avec 72 % de ses citoyens conscients de l’urgence hydrique et 60 % ayant adopté des systèmes d’économie d’eau, le Maroc illustre comment contexte climatique et politiques ciblées peuvent stimuler l’action. Ce taux, supérieur à la moyenne européenne, suggère que les campagnes de sensibilisation couplées à des incitations concrètes – comme l’accès à des technologies abordables – portent leurs fruits.
L’étude cite des solutions technologiques, comme les pommeaux de douche réduisant de moitié la consommation ou les systèmes de recyclage des eaux usées. Ces innovations, développées par des acteurs industriels, montrent que le secteur privé a un rôle clé à jouer, à condition que ces produits allient performance, accessibilité et transparence écologique.
Les résultats soulignent l’importance d’une approche multidimensionnelle. L’éducation joue un rôle central pour combattre les idées reçues via des données claires et accessibles, permettant aux citoyens de mieux comprendre les enjeux et les solutions disponibles. Parallèlement, des incitations économiques sont essentielles pour rendre les technologies vertes moins chères que les alternatives classiques, favorisant ainsi leur adoption à grande échelle. Enfin, la coopération internationale doit être renforcée pour partager les bonnes pratiques entre régions, à l’image des avancées marocaines, qui montrent comment une combinaison de sensibilisation, d’innovation et de politiques publiques peut aboutir à des résultats concrets. Cette approche globale est indispensable pour relever les défis de la gestion durable de l’eau.
L’étude rappelle que la gestion de l’eau ne se limite pas aux foyers : elle implique une refonte des politiques agricoles, industrielles et urbaines. Alors que certains pays montrent la voie, l’urgence exige une accélération globale des efforts – avant que la sécheresse ne devienne irréversible.