BAM abaisse son taux directeur de 25 points de base, à 2,25%

Par: Samia Mejrade 

Lors de sa première réunion trimestrielle de 2025, le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a annoncé mardi 18 mars une réduction de 25 points de base (pb) de son taux directeur, le portant à 2,25%. Il s’agit de la troisième baisse depuis juin 2024, visant à soutenir l’activité économique et l’emploi face à une inflation désormais maîtrisée (0,9% en 2024, projetée autour de 2% en 2025-2026).

Perspectives Économiques Nationales

La croissance marocaine, estimée à 3,2% en 2024, devrait s’accélérer à 3,9% en 2025 et 4,2% en 2026, portée par le dynamisme des secteurs non agricoles (+4,2% en 2024), notamment l’investissement dans les infrastructures. Le secteur agricole, en revanche, reste vulnérable aux aléas climatiques : après un recul de 4,7% en 2024, il pourrait rebondir de 2,5% en 2025 si les récoltes céréalières atteignent 35 millions de quintaux.

Marché du Travail : Des Contrastes Prononcés

Le chômage national s’est aggravé à 13,3% en 2024, avec une perte de 137 000 emplois agricoles. Toutefois, les secteurs non agricoles ont créé 219 000 postes (services, industrie, BTP), insuffisant face à l’arrivée de 140 000 nouveaux demandeurs d’emplois. Le taux de chômage urbain atteint désormais 16,9%, contre 6,8% en zone rurale.
Soutien aux TPE et Transmission Monétaire

BAM lance un programme de refinancement préférentiel pour les très petites entreprises (TPE), avec un taux égal au taux directeur moins 25 pb (soit 2%). Ce dispositif, couplé à l’engagement des banques, vise à stimuler l’emploi. Par ailleurs, les taux débiteurs ont déjà baissé de 35 pb depuis mi-2024, dépassant la baisse du taux directeur (-25 pb), signe d’une transmission efficace de la politique monétaire.

Comptes Extérieurs : Déficit Maîtrisé, Réserves en Hausse

Le déficit courant devrait se creuser à 2,9% du PIB en 2025 avant de retomber à 2% en 2026, soutenu par les exportations de phosphate (+15,2% en 2025) et automobiles (195 milliards MAD en 2026). Les réserves officielles atteindraient 408 milliards MAD fin 2026, couvrant plus de 5 mois d’importations.

Contexte International : Ralentissement et Assouplissement Monétaire

L’économie mondiale devrait ralentir à 3% en 2025, avec une inflation en baisse (3,2%). Les banques centrales (BCE, Fed) poursuivent leur assouplissement, malgré des risques persistants (tensions géoéconomiques, demande énergétique modérée). Le pétrole Brent pourrait chuter à 69,1$ en 2026.

Les baisses successives des taux et le programme de soutien aux TPE pourraient dynamiser le crédit (+6% prévu en 2026), stimulant les PME, moteur de l’emploi. Cependant, la dépendance persistante de l’agriculture aux aléas climatiques, illustrée par un recul de 4,7% en 2024, exige des réformes structurelles pour stabiliser ce secteur clé.

Par ailleurs, la baisse anticipée des cours du phosphate (-15% d’ici 2026) et la volatilité des prix alimentaires (+3,1% en 2025) pourraient peser sur les recettes et l’inflation, malgré un déficit courant maîtrisé à moyen terme (2,9% du PIB en 2025). Enfin, la progression de ce déficit souligne l’urgence de diversifier les exportations au-delà du phosphate et de l’automobile, secteurs vulnérables aux cycles mondiaux.

Bank Al-Maghrib mise sur un équilibre délicat : soutenir la croissance sans relancer l’inflation, dans un contexte international incertain. Les prochains trimestres révéleront si ces mesures, combinées aux réformes gouvernementales, suffiront à absorber le choc du chômage et à pérenniser la reprise.