
Par: Abdessamih El Ouariaghli
Y a-t-il donc encore un prétexte que l’Algérie n’ait point invoqué pour accuser le Maroc de nuire à ses intérêts ? Tout ce qui advient à l’est de nos frontières semble, sans le moindre débat, imputé à notre pays. Des incendies aux invasions de criquets, en passant par le fléau des stupéfiants — la liste est accablante — rien ne semble échapper à la vindicte algérienne, qui voit en son voisin l’unique responsable de ses tourments.
Et voici qu’aujourd’hui, c’est l’eau, bien vital et commun à tous, qui devient l’objet d’une nouvelle querelle. La rareté des précipitations dans la région occidentale du bassin méditerranéen a exacerbé les tensions au point qu’il est désormais question d’une guerre de l’eau entre les deux nations maghrébines. Le journal Le Monde, conscient de l’acuité du débat, a consacré un article à cette controverse, initiée officiellement par le ministre algérien des Ressources en eau, Taha Derbal, lors de ses interventions en Indonésie et en Slovénie.
Mais où commence donc cette histoire ? Peu importe l’origine du récit, car le véritable instigateur de cette crise n’est autre que la sécheresse qui sévit dans la région depuis sept longues années, causant une raréfaction des ressources hydriques dans les deux pays. Plutôt que de concevoir des solutions stratégiques et ingénieuses face à cette impasse, les autorités algériennes préfèrent, une fois encore, tourner leurs regards accusateurs vers le Maroc, l’accusant de priver le barrage de Jorf Torba de son eau et, par là même, d’anéantir un écosystème fragile abritant poissons, oiseaux et autres espèces vivantes.
Mais à y regarder de plus près, que sous-entend réellement cette accusation ? Elle laisse supposer que le Maroc jouit d’une opulence hydrique et qu’il refuserait délibérément de partager une fraction de cette ressource avec son voisin de l’est, notamment en direction du barrage de Jorf Torba. Pourtant, la réalité est tout autre : l’Algérie invoque des accords internationaux sur le partage des eaux transfrontalières, tout en omettant que l’Oued Guir est un cours d’eau saisonnier, tributaire de précipitations devenues de plus en plus rares au fil de la dernière décennie. Autrement dit, l’Oued Guir n’est ni le Nil, ni le Mississippi. De surcroît, le barrage marocain de Gdoussa, qui capte ces eaux, ne contient qu’une modeste quantité de dix millions de mètres cubes, alors même que sa capacité totale excède les deux cents millions. Dès lors, comment le Maroc pourrait-il priver l’Algérie d’une ressource qui lui fait lui-même cruellement défaut ?
Il devient presque une habitude de voir Alger imputer au Maroc la responsabilité de ses maux, quels qu’ils soient. Et l’ironie veut que même les catastrophes d’origine céleste — invasions acridiennes, sécheresse ou incendies de forêts provoqués par des vagues de chaleur extrême — soient attribuées à notre pays. Mais plutôt que de s’enfermer dans une rhétorique d’accusations infondées, ne serait-il pas plus sage pour l’Algérie de rechercher des solutions pérennes et intelligentes à sa crise hydrique, en s’affranchissant de cette obsession vis-à-vis de son voisin ?
Le Maroc, pour sa part, a choisi de ne plus répondre à ces allégations absurdes. Après avoir fermé le gazoduc transitant par le Maroc vers l’Europe, persuadée de nous condamner à la rudesse du feu de bois, voilà que l’Algérie se tourne à présent vers nous, quémandant une goutte d’eau. Or, si la décision de couper le gaz relevait de la souveraineté d’El Mouradia, celle du manque d’eau appartient à la seule sagesse du ciel. Le Maroc, lui, ne saurait refuser l’eau à quiconque, fût-il un adversaire, car il obéit à des principes d’humanité, de fraternité et de solidarité dictés tant par sa culture que par sa foi.
Que dire sinon… Quel étrange paradoxe que celui de nos voisins !





