Par: Siham Naciri et Samia Mejrade
La conférence de presse tenue par l’Alliance de la fédération de gauche lundi 10 mars met en lumière des préoccupations majeures concernant les expropriations à Rabat, en particulier dans les quartiers de l’Océan, Sania Gharbia et Douar Al-Askar. Les critiques adressées aux autorités publiques soulèvent des questions importantes sur le respect des droits des citoyens, la légalité des procédures et la finalité des projets justifiant ces expropriations.
Les membres de l’Alliance de la fédération de gauche et les habitants touchés reprochent aux autorités de « ne pas respecter les procédures légales en matière d’expropriation et d’expulsion ». Ils dénoncent « un abus de pouvoir et un manque de transparence dans les décisions prises, notamment en ce qui concerne le relogement des habitants dans des zones éloignées et l’absence de décisions de justice pour justifier les expulsions ».
Les résidents, qu’ils soient propriétaires ou locataires, ont été informés de la nécessité de quitter leurs logements. Ils insistent sur leur droit de rester dans leurs habitations et refusent ce qu’ils considèrent comme des « pressions » et des « marchandages » pour les forcer à partir. Ils estiment que ces opérations ne servent pas l’intérêt public, mais plutôt « des intérêts privés, notamment ceux d’entreprises ou d’investisseurs étrangers ».
Un membre du conseil communal de Rabat a qualifié l’avenir de la ville d' »incertain » en raison des opérations d’expropriation. Il a évoqué le cas des habitants de Douar Al-Askar, relogés dans des zones éloignées, et s’est interrogé sur l’intérêt public qui justifierait de telles décisions. Il a reconnu que l’État a le droit d’exproprier conformément à la loi, mais il a dénoncé un manque de consensus et des pratiques qu’il juge abusives, notamment envers les locataires expulsés sans décision de justice. Les habitants et les représentants politiques craignent que les propriétés expropriées soient transférées à des entreprises privées ou à des investisseurs étrangers, plutôt que d’être utilisées pour des projets d’intérêt général. Ils demandent une transparence sur les projets envisagés et une justification claire de l’utilité publique.
Les expropriations et expulsions à Rabat soulèvent des interrogations cruciales quant à leur conformité avec la loi n° 7-81 relative à l’expropriation pour cause d’utilité publique. Les habitants se demandent si ces opérations respectent les procédures légales, notamment en ce qui concerne l’indemnisation juste, la consultation préalable et la transparence des projets. Surtout, ils s’interrogent sur la finalité de ces expropriations : servent-elles réellement l’intérêt général et contribuent-elles au développement économique ou social de la région, ou sont-elles motivées par des intérêts privés ? Enfin, la question des mécanismes de contrôle pour prévenir les abus de pouvoir et garantir le respect des droits des citoyens, notamment à un logement décent et à une indemnisation équitable, reste au cœur des préoccupations.
Pour apaiser les tensions et répondre aux interrogations des citoyens concernés, les habitants et les représentants politiques appellent à un dialogue inclusif et transparent entre les autorités et les populations concernées, afin de trouver des solutions équitables et consensuelles. Cette situation illustre le délicat équilibre entre le développement urbain et la protection des droits des citoyens. Si l’expropriation pour cause d’utilité publique est un outil légal, son utilisation doit être encadrée par un contrôle renforcé, une communication claire et un respect strict des procédures, afin de garantir que les projets servent réellement l’intérêt général et non des intérêts particuliers. Sans cela, ces opérations risquent de miner la confiance des citoyens dans les institutions et d’exacerber les tensions sociales.