Depuis Laâyoune, Gérard Larcher, président du Sénat français -troisième personnage de l’Etat dans l’ordre de préséance, après le président Emmanuel Macron et le premier ministre François Bayrou-, a réaffirmé avec force le soutien de son pays, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, à la souveraineté pleine et entière du Royaume du Maroc sur ses Provinces du Sud. « Le soutien de la France au plan d’autonomie sous souveraineté marocaine comme seul et unique cadre de règlement est acquis. Il est le fait des institutions de la République française, dans leur diversité. Il n’est pas le fruit d’UNE politique gouvernementale. Il est désormais LA politique de la République française. Oui, de LA politique de la République française ! », a précisé l’homme d’Etat français dans un discours qui fera certainement date. Lecollimateur.ma, votre quotidien national en ligne, a eu la primeur de ce discours historique et le reproduit in extenso.
Discours du Président du Sénat, M. Gérard Larcher, à Laâyoune
Monsieur le Président de la Chambre des Conseillers du Royaume du Maroc,
Monsieur le Président de la Région Laâyoune Sakia El Hamra,
Monsieur le Président du Conseil communal de Laâyoune,
Monsieur le Wali de la région Laâyoune Sakia el Hamra,
Monsieur l’Ambassadeur de France au Maroc,
Mes chers collègues parlementaires,
Mesdames et Messieurs,
Je suis impressionné de l’accueil qui vous nous réservez, et je souhaite vous en remercier chaleureusement.
Permettez-moi d’emblée de vous présenter la délégation qui m’accompagne:
Le Président de la Commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées, le sénateur Cédric Perrin, le «ministre des affaires étrangères et de la défense» du Sénat, en quelque sorte ;
Le Président du groupe d’amitié France-Maroc, le sénateur Christian Cambon, qui a tant œuvré pour maintenir, coûte que coûte, la confiance entre nos deux pays, dans toutes les circonstances ;
Le Président Hervé Marseille, qui est Vice-président du groupe d’amitié France-Maroc et dirige également l’un des plus importants groupes de la majorité sénatoriale, l’Union centriste ; et qui lui aussi a œuvré pour maintenir la confiance
Et la sénatrice Corinne Féret, également Vice-présidente membre du groupe d’amitié France-Maroc, qui représente le principal groupe d’opposition au Sénat, le Parti socialiste.
Dans leur diversité, tous les sénateurs qui sont devant vous sont le visage, en France, de l’amitié avec le Maroc. De la même façon, je lis ici, à Laâyoune, sur vos visages, l’amitié que vous portez à la France et qui se manifeste, en cet instant, dans l’accueil insigne qui est le vôtre, dans la grande et belle tradition de l’hospitalité marocaine !
Notre rencontre marque un moment singulier dans la relation entre la France et le Maroc, un moment qui n’a pas tout à fait d’équivalent, un moment qui constituera, je l’espère, un jalon important de notre relation bilatérale.
Bien sûr, les mots tant attendus par le Maroc ont déjà été écrits. Les paroles ont déjà été prononcées.
Mais je souhaite les répéter ici même, à Laâyoune, parce que je sais qu’ici, ces paroles résonneront avec tout leur sens et qu’elles auront sur cette terre, sur votre terre, une tout autre portée :
«Pour la France, le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine.
L’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue.
Le plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 constitue la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.»
Si, comme Sa Majesté le Roi du Maroc l’a souvent rappelé, la relation du Maroc avec des pays tiers s’écrit à l’aune de leur position sur le dossier existentiel du Sahara, alors, vous mesurez le degré de la confiance et de l’amitié de la France envers le Maroc, dont je suis venu, en tant que Président du Sénat de la République française, porter témoignage.
J’ai voulu incarner, en étant parmi vous ce soir, à l’invitation du Président de la Chambre des Conseillers, la force de la parole et du verbe, celle du « nouveau livre » que Sa Majesté le Roi du Maroc nous a invités à écrire, entre le Maroc et la France.
Pour vous qui vivez sur cette terre, pour vous tous Marocains, dans votre diversité, le regard neuf que la France porte sur le dossier du Sahara et l’évolution de la position française relèvent d’une évidence, d’une vérité première.
En France, cette évidence a fait l’objet d’une longue maturation. Le Sénat de la République française a très tôt œuvré pour que soit prise une initiative diplomatique afin que la France, qui a toujours accompagné le Maroc dans ses défis existentiels, prenne en compte les évolutions intervenues depuis 2007. Pour que la France laisse de côté toute ambiguïté.
C’est désormais chose faite : la voix du Sénat a fini par être entendue et par se faire entendre.
Et je suis venu vous donner une assurance supplémentaire.
Le soutien de la France au plan d’autonomie sous souveraineté marocaine comme seul et unique cadre de règlement est acquis. Il est le fait des institutions de la République française, dans leur diversité. Il n’est pas le fruit d’UNE politique gouvernementale. Il est désormais LA politique de la République française. Oui, de LA politique de la République française !
Mesdames et Messieurs,
Rien ne vaut la force du déplacement in situ. Rien ne remplace la constatation de visu, par soi-même, de la réalité.
Et la réalité, celle que nous pouvons constater, impressionne, au-delà des attentes.
Je suis arrivé à Laâyoune, avec les Sénateurs qui m’accompagnent, il y a à peine quelques heures, et déjà, nous avons pu nous rendre compte à quel point, selon la volonté de Sa Majesté le Roi du Maroc, votre ville, votre région, sont en plein essor. Qu’il s’agisse des infrastructures, des équipements sociaux, de la recherche constante d’un développement durable : le Sahara occidental constitue un modèle de réussite pour l’ensemble d’une zone sahélo-saharienne en proie à des tensions.
Un modèle qui s’inscrit dans une vision géostratégique du Maroc et se présente comme une opportunité de désenclavement et de développement pour bien des États qui vous entourent. Telle est la promesse de votre pays. Et cette promesse se matérialise sous nos yeux.
Dans vos ambitions, la France est prête à vous accompagner. Elle a d’ores et déjà tiré nombre de conséquences de sa position nouvelle assurant que le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine.
Le « nouveau livre » de notre relation bilatérale, pour reprendre le beau projet de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, a désormais une illustration cartographique. Quoi de plus éclatant qu’une carte pour montrer l’identité de vues entre le Maroc et la France ? Cette carte, celle que la France a fait sienne de façon officielle, est désormais sans ambiguïté : elle montre le rattachement au Maroc des régions méridionales. De toutes les régions méridionales.
Mais ce n’est pas tout.
Le lancement de l’Alliance française à Laâyoune témoigne d’une volonté d’action culturelle et éducative accrue de la France dans ces régions.
Notre action consulaire sera amenée à s’y déployer. Nos entreprises sont prêtes à s’engager, à vos côtés, pour prolonger les projets de développement sur la côte atlantique, en direction de l’Afrique ; dans les secteurs porteurs d’avenir des énergies renouvelables ; dans la production et l’utilisation de l’eau, qui est ici un défi quotidien – mais nous savons que des déserts, grâce au génie des hommes, peuvent se transformer en oasis.
Et bien sûr, je le sais, nos diplomates œuvrent pour que ce soutien clair et sans ambiguïté au plan d’autonomie de 2007 sous souveraineté marocaine soit de plus en plus partagée par des États, au premier chef en Europe.
Je vous propose d’aller de l’avant.
Je vous propose d’aller de l’avant grâce à la diplomatie parlementaire, qui est un moyen de démultiplier les contacts, au-delà des gouvernements, et d’accentuer, à travers les relations interparlementaires, l’effet d’entraînement de la position de la France, auprès de ses partenaires, sur le dossier du Sahara.
La diplomatie parlementaire aura aussi pour fonction d’expliquer que la position française, assumée de façon souveraine, n’est une déclaration hostile à l’encontre d’aucun Etat. Et que l’amitié franco-marocaine, si solide, si ancienne, si profonde soit-elle, n’est pas exclusive d’autres liens, au Maghreb comme ailleurs.
Je vous propose d’aller ensemble de l’avant en matière de déconcentration et de décentralisation, qui sont autant d’éléments préfigurateurs du statut d’autonomie proposé par le Royaume du Maroc, en 2007. Pour vos territoires qui ont une tradition d’élections, de représentations locales et d’inclusion des populations dans leur diversité, pour vos territoires qui ont fait du développement un modèle de gouvernance, l’approfondissement de la déconcentration et de la décentralisation constitue moins un défi qu’une étape.
Le Sénat de la République française est prêt à mettre, à votre disposition, sa longue expérience en matière de déconcentration et de décentralisation, ou en matière de statuts particuliers. Car là-aussi nous partageons la même conviction : à l’unité et l’indivisibilité de la République française répondent, en écho, l’unité et l’indivisibilité du Royaume du Maroc !
Je vous propose d’aller de l’avant en matière de coopération décentralisée entre la France et le Maroc. À côté des entreprises ou des opérateurs publics, les collectivités territoriales présentent un riche potentiel de développement et sont un creuset de coopérations politiques, économiques, sociales, en matière de gestion de l’eau, de transports ou de transformation numérique.
La Chambre des Conseillers et le Sénat sont des émanations des collectivités territoriales. Ensemble, avec les associations regroupant les entités territoriales, je vous propose de donner un nouvel élan à la diplomatie des territoires entre collectivités françaises et marocaines. Un nouvel élan qui embrasse tout le Maroc, conformément aux décisions prises : depuis Tanger aux confins du Sahara occidental !
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi une citation : « L’amitié qui se lit sur les visages et dans les gestes devient comme une prairie dessinée par un rêve ». Ainsi s’exprime Tahar Ben Jelloum dans son roman La soudure fraternelle.
Une « soudure fraternelle », telle a toujours été la marque des relations entre la France et le Maroc. Mais il manquait à cette soudure fraternelle comme un membre, une partie d’elle-même.
Si je lis ce soir tant d’amitié dans vos visages et dans vos gestes, c’est que l’histoire s’est accomplie dans le consentement, et que la « soudure » est désormais irréversible : aux yeux de la France, les provinces du sud s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine !
Vive le Royaume du Maroc, et vive la France !