Revue de presse. Les journaux arabophones ont abordé, ce mercredi 24 juin, plusieurs sujets relatifs à la problématique des écoles privées, à l’affaire Ramid et Amekraz, à la colère de Jettou et au déchirement de la majorité dans le parlement. Tour d’horizon.
Plusieurs directions provinciales du ministère de l’Éducation nationale ont commencé à prendre des décisions qui vont dans le sens de rendre difficile l’accès à l’enseignement public aux familles des élèves qui veulent quitter les écoles privées. Des décisions qui surviennent alors que la confrontation entre les parents d’élèves et le lobby de l’enseignement privé bat son plein.
Le quotidien Al Massae rapporte, dans son édition du mercredi 24 juin, que le directeur provincial de l’enseignement à Agadir a indiqué dans une correspondance que le transfert des élèves des écoles privées vers l’enseignement public nécessite une autorisation préalable. Auparavant il faut d’abord passer par la case de l’école privée où il faut remplir un formulaire, signer le récépissé avant de constituer un dossier d’autorisation de transfert pour chaque élève.
Ce dossier comprend plusieurs documents dont le certificat de départ délivré par l’école privée avant d’être validé par le service des affaires éducatives. Du coup, le ministère a, à travers son responsable provincial d’Agadir, exigé plusieurs documents qui vont faire des parents d’élèves des otages des établissements privés. D’autant que ces derniers ont menacé de ne pas délivrer les documents et les certificats administratifs y compris celui de départ si les parents d’élèves ne s’acquittent pas des frais de scolarité. Autant dire, ajoutent les mêmes sources, que le ministère de l’Éducation nationale se range aux côtés du lobby des écoles privées et s’expose ainsi à de fortes perturbations lors de la prochaine rentrée scolaire.
La colère de Driss Jettou…
Le président de la Cour des comptes, connu pour son calme, a perdu de sa superbe, mardi dernier, devant les questions insistantes de la commission du contrôle des finances publiques. Le quotidien Al Ahdat Al Maghribia rapporte, dans son édition du mercredi 24 juin, que Driss jettou a été particulièrement agacé par une question du président de la commission, Driss Skalli, sur le retard pris dans l’envoi des rapports de cette juridiction. Sa réponse est tout aussi sèche en soulignant que les rapports du Conseil sont adressés à toutes les institutions concernées y compris le Parlement. Et Jettou de rendre la pareille à son interlocuteur en ajoutant que lui aussi ne sait pas ce qu’il advient de ces documents quand ils arrivent au Parlement. Lors de cette passe d’armes, Driss skalli a reproché à la cour des comptes d’avoir mis 22 semaines pour faire parvenir à la commission le rapport sur « l’évaluation du programme villes sans bidonvilles 2008/2018 « .
Les questions du parlement, ajoute Skalli, visent à évaluer l’efficacité du programme et sa gestion financière: « Les questions des parlementaires ont été posées en juillet 2018 et la cour des comptes ne nous a répondu que le 26 mai 2020… ». Et Jettou de contrecarrer après avoir donné un bilan de son institution: « rien que l’année dernière, la cour des comptes a réalisé 50 rapports d’une grande importance mais les parlementaires ne leur ont accordé aucun intérêt ». Les deux hommes qui semblent vouloir en découdre ont continué à se tirailler. Skalli, lui aussi, exaspéré par les attaques de Jettou, n’a pas hésité à lui dire : « nous aussi on travaille sur plusieurs dossiers. Les parlementaires réclament des rapports sur l’INDH, l’entraide nationale, l’agence nationale de la promotion du travail en plus du programme national sur les villes sans bidonvilles ». Ce à quoi a répondu Jettou que la cour des comptes se penche sur ces dossiers mais, ajoute-t-il, aussi bien la commission du contrôle des finances que les autres commissions parlementaires ne leur accordent que peu d’importance.
Parlement. La majorité se déchire…
Lors de la séance des questions orales qui s’est déroulée le lundi 22 juin à la chambre des représentants, le ministre du transport, Aziz Rabbah, était interrogé sur les mesures préventives prises pour son département contre la pandémie. Le député du RNI, Mustapha Baitas (majorité gouvernementale), a critiqué vivement la gestion de ce secteur. Le quotidien Al Ahdat Al Maghribia rapporte, dans son édition du mardi 24 juin, que cette intervention a suscité l’ire du ministre Rabbah qui a répondu avec autant de virulence à son interlocuteur: « Il est inconvenant qu’un parlementaire d’un parti de la majorité gouvernementale critique un membre du gouvernement pour le seul plaisir de critiquer. Nous représentons un seul gouvernement et tout le monde connaît ceux qui tiennent leurs promesses et ceux qui les renient. En tous les cas, les choses sont claires pour le peuple marocain ».
Très remonté, Rabbah a poursuivi qu’il est normal que les parlementaires de l’opposition critiquent le gouvernement même s’ils usent de fausses données. Mais que ces critiques émanent des personnes siégeant dans la majorité gouvernementale, c’est inacceptable. Et de marteler en faisant allusion aux partis de la majorité qui critiquent la gestion du gouvernement: « celui qui n’est pas content qu’il le dise… ».
Enquête parlementaire sur Ramid et Amekraz?
L’affaire de la non déclaration à la CNSS des employés travaillant dans les cabinets d’avocat des ministres Mustapha Ramid et Mohamed Amekraz a été portée devant le Parlement où certains députés ont demandé de diligenter une enquête sur ce sujet. Lors de la séance des questions orales tenue le lundi 22 juin à la chambre des représentants et à laquelle ont assisté les deux membres du gouvernement mis en cause, le député Rachid Hamouni (PPS) a demandé l’ouverture d’une enquête sur cette affaire afin d’éclairer l’opinion publique sur ses tenants et ses aboutissants: « Si ces informations sont exactes, cette affaire constitue un grand scandale pour le gouvernement. Car comment l’Exécutif pourrait exiger des entreprises de déclarer leurs salariés à la CNSS quand deux de ses membres ne s’acquittent pas de leurs dus ».
Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du mardi 24 juin, que dans sa réponse le ministre Amekraz a éludé cette question et était très gêné quand Hamouni a évoqué ce sujet. De son côté, le député Omar Balfrej (FGD) a adressé une question écrite au ministre du travail lui demandant de lui fournir le nombre des cabinets d’avocats affiliés à la CNSS ainsi que le nombre de leurs salariés déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale. Par ailleurs lors d’une réunion avec les membres du conseil national dans la région de l’Est, le Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar, a souligné qu’il est inconcevable qu’un ministre des droits de l’homme viole les droits de l’homme en employant une secrétaire pendant 24 ans sans qu’il la déclare à la CNSS. Pis encore, ajoute Lachgar, comment le ministre d’Etat pourrait-il représenter le Maroc devant les instances internationales pour défendre les droits de l’homme alors qu’il est le premier à les avoir violées.