Un demi-siècle après leur expulsion massive et arbitraire d’Algérie, les victimes et leurs ayants droit n’ont toujours pas obtenu justice. Ce déni n’a toutefois pas entamé leur détermination à poursuivre le combat aux niveaux national et international, pour amener l’Algérie à reconnaître sa responsabilité et indemniser les victimes de la tragédie.
Voici un communiqué du Collectif international de soutien aux familles d’origine marocaine expulsées d’Algérie en 1975 (CiMEA-75).
« Ce 8 décembre marque le 49ème anniversaire de la tragédie de l’expulsion des Marocains d’Algérie en 1975, sur la base de la décision prise par les autorités algériennes de les expulser de façon musclée, pour des raisons inconnues, lors de la célébration de l’Aïd al-Adha 1975. En effet, simultanément à la fête célébrée par le monde islamique, l’État algérien procédait, arbitrairement et sans avertissement, à l’expulsion d’Algérie d’environ 45.000 familles marocaines. Ces personnes marocaines, résidant légalement sur le sol algérien depuis plusieurs décennies, avaient, pour nombre d’entre elles, fondé des familles mixtes algéro-marocaines, et certaines d’entre elles avaient pris les armes pour libérer l’Algérie du colon français.
Ces familles, dans une souffrance psychique et physique indescriptibles, se sont retrouvées en un clin d’œil, hors de chez elles, dans des conditions hivernales extrêmes. Elles vécurent -et continuent de vivre- depuis sous le choc et l’horreur de la tragédie. L’État algérien les privera de tous leurs droits et de leurs biens, en les menant à la frontière marocaine après les avoir dépouillées de tous leurs effets personnels, mobiliers et immobiliers.
Bien que plusieurs décennies se soient écoulées depuis cette tragédie, les victimes, leurs ayants droit, leurs enfants, petits-enfants ainsi que les défenseurs des droits de l’homme ont su résister à l’oubli, muant, dans un geste résilient, cette tragédie en mémoire vivante. Les précités n’ont de cesse de mettre en lumière ces événements, en analysant leurs faits et leurs répercussions, avec la vigilance constante de rappeler la responsabilité des autorités algériennes. Ils poursuivent un travail inlassable pour restituer la dignité aux victimes, parer à l’oubli collectif en préservant la mémoire commune. Le résultat attendu de ce travail continu est l’attente d’un jugement sur les actes inhumains de 1975 et d’éviter l’effacement des traces du crime odieux commis par les autorités algériennes.
Afin de maintenir ce dossier ouvert aux niveaux national et international, les victimes et ayants droit ont également mis en œuvre de nombreuses initiatives collectives et individuelles. Dans ces dernières on dénombre la publication de livres et de films étayés par leurs témoignages, la rédaction d’un dossier déposé devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies et du Comité pour la protection des droits des travailleurs migrants et les membres de leur famille.
Cependant, malgré leur importance, ces actions restent insuffisantes, surtout face à un État algérien qui continue, dans des manœuvres honteuses, de dissimuler ce crime, d’induire en erreur l’opinion publique, de nier et de falsifier les faits des événements dramatiques commis par ses autorités en 1975.
Le CiMEA, tout en rappelant ce douloureux anniversaire, renouvelle sa désapprobation et sa ferme condamnation des agissements des autorités algériennes qui, par leurs actes honteux, ont violé toutes les conventions et normes internationales et de bon voisinage.
Le CiMEA, ONG internationale fondée le 27 février 2021, déclare qu’il continuera à défendre les intérêts des personnes expulsées d’Algérie devant diverses instances, notamment internationales pour, entre autres, faciliter la réunification des familles marocaines séparées des deux côtés des frontières marocaine et algérienne, conformément aux prescrits de la Charte des Nations Unies, de la Déclaration universelle des droits de l’homme, des accords internationaux relatifs aux droits humains et de tout autre instrument juridique des droits humains.
Le Collectif international réaffirme également que la responsabilité de l’expulsion arbitraire de l’hiver 1975 subie par les familles marocaines pèse sur les épaules des autorités algériennes. A ce jour, force est de reconnaître que l’État algérien nie sa responsabilité exclusive.
Mu par l’ensemble des considérations développées ici, le Comité International continuera à assumer ses responsabilités et n’aura de cesse de mobiliser l’opinion publique internationale, les institutions et organisations internationales, à travers une série d’activités garantes de sérieux, de dignité, d’informations authentifiées, dénuées de haine et de vengeance. Ce n’est qu’à ce prix que le chemin vers la justice et la reconnaissance de cette tragédie par le seul auteur connu se fera.
N’hésitez pas à rejoindre le CiMEA pour le renforcer dans ses actions.
Contact : cimea75@gmail.com