L’Algérie et le régime syrien déchu, une complicité d’horreur

Bachar Al-Assad pourrait-il entraîner dans sa chute le régime algérien, l’un des principaux alliés du dictateur sanguinaire en fuite après l’entrée, dans la nuit de samedi à dimanche (7 au 8 décembre), des forces rebelles dans la capitale syrienne, Damas ?

Le régime algérien, depuis des décennies, partageait avec le tyran syrien, outre des intérêts solides et surtout sordides, un profond mépris pour leurs peuples. Il n’en a jamais raté une pour voler au secours du « boucher » syrien. Le 16 novembre 2011, alors que la Ligue des Etats arabes, suspendait la Syrie en représailles contre la répression féroce du peuple syrien frère, Alger a choisi de chanter hors-scène en refusant de rompre ses relations avec Damas, de fermer son ambassade à Damas ou même de rappeler son ambassadeur. En 2016, Alger a même défié la Ligue arabe en envoyant, à Damas, son ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, pour lui témoigner son soutien face à de soi-disant «menaces terroristes», oubliant à l’insu de son gré le massacre de milliers de civils à Alep, entre autres villes syriennes martyres, bombardées indistinctement par l’aviation de Bachar al-Assad.

Depuis 2020, particulièrement lors du Sommet d’Alger (1er novembre 2022), le régime algérien a tenté le tout pour ramener la même Syrie de Bachar Al-Assad au sein de l’organisation panarabe. Début mai 2023, c’est Bachar Al-Assad himself qui a appelé son homologue algérien, Abdelmajid Tebboune, pour le remercier des «efforts inlassables qu’il a déployés pour réintégrer la Syrie au sein de la Ligue  des Etats arabes».

Jusqu’au-boutiste dans ce soutien inconditionnel, malgré le pedigree du timonier de Damas, le régime algérien s’est encore manifesté mardi 3 décembre courant pour exprimer « sa solidarité absolue avec la République arabe de Syrie, pays frère, face aux « menaces terroristes».

Remarquez que le régime algérien agite à tout vent l’épouvantail des «menaces terroristes» pour tenter de justifier son soutien à la «barbarie» de son homologue syrien, pour ne pas parler de la sienne propre. Un faux alibi quand on sait que ce qui fait peur au régime algérien illégitime, comme celui de la Syrie auparavant, c’est la tension des peuples vers la démocratie, comme cela s’est manifesté le 19 février 2019 lors du « hirak » anti-régime qui s’est enclenché dans la commune de Kherrata, wilaya de Béjaïa, pour revendiquer le retour des militaires à leurs casernes et l’instauration d’un Etat réellement civil et démocratique en Algérie. 

On comprend mieux pourquoi Alger s’est toujours rangée aux côtés du régime autocratique de Bachar Al-Assad, au détriment du peuple syrien. Or, c’est mal connaître les peuples qui, quelles que soient les oppressions et les tragédies, finissent toujours par triompher des oppresseurs.

Bien plus qu’un simple changement de régime, la fin de Bachar Al-Assad marque le début d’une nouvelle ère de bouleversements géopolitiques, dont les ramifications se feront ressentir non seulement au Moyen- Orient, mais aussi en Algérie.