Sous le titre: «En Algérie, 60 ans de dictature militaire et de captation de la richesse nationale par la classe dirigeante du pays», le quotidien français « Le Figaro » fait le «grand récit» des dérives continues de l’une des pires dictatures qu’ait jamais connues le monde durant ces soixante dernières années. «Le régime algérien est presque immuable depuis l’indépendance en 1962. Le principal objectif de l’oligarchie qui le dirige consiste à durer, en faisant taire les opposants comme Boualem Sansal», intellectuel algérien arrêté le 16 novembre dernier à l’aéroport d’Alger pour «intelligence avec l’ennemi» alors qu’il a simplement mis en évidence une réalité historique imprescriptible, soit «la marocanité de toute la partie ouest de l’Algérie» (voir vidéo ci-contre).
«La fuite en avant d’Alger, déjà manifeste par ses attaques régulières contre Paris et Rabat, invite à raconter l’histoire du régime algérien presque inchangé depuis 1962», indique le quotidien français, en déconstruisant les mythes fondateurs d’un régime prêt à tout pour faire taire toute velléité d’opposition. «Critiquer le pouvoir en place ou questionner les épisodes sombres de l’histoire officielle est aujourd’hui un acte considéré comme une menace pour l’ordre établi», relève la publication française.
Une dictature née dans le chaos et le sang
Malgré la signature, le 18 mars 1962, des Accords d’Evian qui mettent fin officiellement à 132 années de colonisation française et à sept années et cinq mois de guerre, des luttes fratricides déchirent les factions du FLN (Front de Libération Nationale) pour le contrôle du pays. Ces luttes aboutissent à une prise de pouvoir progressive par l’armée, incarnée par l’ex-colonel Houari Boumediene, l’une des figures clefs du fameux «Clan d’Oujda» qui avait fait de la capitale de l’Oriental marocain une tête de pont pour ses attaques contre l’occupant français. C’est Houari Boumediene, de son vrai nom Mohamed Boukharrouba, qui installe en 1965 un régime militaire.
Tous les chefs de l’État ont été soit des militaires (Houari Boumediene 1965-1978, Chadli Bendjedid 1979-1992, Liamine Zéroual 1994-1999) soit portés au pouvoir par ces derniers (Ahmed Ben Bella 1962-1965, Mohamed Boudiaf 1992, Ali Kafi 1992-1994, Abdelaziz Bouteflika 1999-2019), et la manière dont le nouveau président, Abdelmadjid Tebboune, élu le 12 décembre 2019, a été porté à la magistrature suprême ne déroge pas à la règle.
Un régime basé sur le règne absolu des homme en uniforme, lesquels détiennent toujours les clefs du palais présidentiel «El Mouradia», façade civile d’un système militaire fondé sur la rente gazo-pétrolière (et mémorielle, comme le démontre cette exploitation indigne de la mémoire des martyrs), la répression de toute voix opposée, l’achat de la paix sociale. «Cette captation des ressources a permis au régime de maintenir une paix sociale fragile, tout en neutralisant les oppositions internes», explique le journal français de centre droit.« Il n’y a pas d’espace pour les voix dissidentes dans une Algérie où l’armée impose sa loi », certifie un analyste cité par Le Figaro.