ALGERIE, UN VISA POUR L’ENFER (II)

Jeudi 26 septembre 2024, Alger a annoncé une nouvelle pour le moins insolite. La réinstauration avec effet « immédiat » du visa pour les Marocains. Cette décision a soulevé une vague de dérision sur la Toile, et pas vraiment à tort. En effet, qui des Marocains veut ou peut s’aventurer dans ce pays transformé par la junte au pouvoir en immense prison à ciel ouvert? 

Votre modeste serviteur en a fait l’expérience à l’été 2003, lors de deux escales à Mostaganem et Alger, dans le cadre d’un périple organisé symboliquement à bord d’un bateau de guerre transformé en instrument de paix, sur une idée géniale de feu Richard Martin, alors vice- président de l’Institut international du théâtre méditerranéen (IITM), et sur une aimable proposition d’Ahmed Massaïa, alors directeur de l’Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle (Isadac). Voici mon ressenti. 

 

 

Par M’Hamed Hamrouch 

 

 

Bye-bye Mostaganem, bonjour Alger « la Blanche »! 

Le 28 juillet 2003, le «Constanta» quitte Mostaganem. Direction: Alger. Les pacifistes devaient prendre leur courage à deux mains. Ils se mettront bientôt à regretter l’étape mostaganemoise, plus clémente que celle qui les attendait à Alger « la Blanche »…

Le 1er juillet 2023, le « Constanta » était déjà dans les eaux d’Alger. Mais il était interdit de quitter le port. Colère, voire indignation, sur l’héliport. Nous étions en rupture de stock et l’accès aux commerces, y compris et surtout les bureaux de tabac, était impossible.

Nous savions que nous étions en terrain inhospitalier et nous devions faire contre mauvaise fortune bon cœur.

Les plus ingénieux d’entre nous avaient déjà fait le plein de provisions à Mostaganem, les autres, n’eût été la solidarité des premiers, devaient battre la dèche!

En ce qui me concerne, cette question ne me préoccupait pas outre mesure. Au fait, je rêvais de visiter la médina d’Alger, caresser ses vieilles pierres, sillonner ses ruelles étroites et les nombreux escaliers de sa Casbah, siroter un thé sur les terrasses du quartier européen populaire « Bab El Oued ».

Peine perdue!

J’ai eu beau solliciter une autorisation de sortie du port, en vain. On m’a dit que des « instructions d’en-haut » ne le permettaient pas et que nous allions rester « confinés » au port jusqu’à notre départ.

Le siège est total.

Le jour du départ, je suis toutefois parvenu à tromper la vigilance des sécuritaires pour me glisser dans le café du port… Je me suis fondu discrètement dans le public, en me gardant de susciter la moindre suspicion.

Pour cela, j’avais de grands atouts à faire valoir: le même nom de famille que celui de l’ancien premier ministre « Mouloud Hamrouch », la même couleur de peau, le même accent ou presque…

Que demander de plus pour me faire passer pour «un Algérien»?

Une fois attablé, j’ai voulu commander une tasse de café. Or, le «garçon» était introuvable! Il n’y avait peut-être pas de serveur dans ce café? Seulement du « self-service » à l’algérienne!

Qu’importe, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. C’est chose faite.

Saut que je n’étais toujours pas au bout de mes peines. Dès que j’ai voulu en griller une, j’ai senti peser sur moi un regard torve. J’étais peut-être placé dans « le Collimateur » … d’un agent secret.

Pendant ce temps, quelqu’un a pris mon café et s’en est allé. J’ai dû alors retourner au bateau, le cœur un peu serré mais déterminé.

Je me suis juré de ne plus remettre les pieds en Algérie.