Le bras de fer entre la conseillère de l’Éducation à l’ambassade d’Espagne au Maroc et les professeurs des écoles espagnoles met l’avenir des élèves de cette mission en péril

L’appel au secours du parent d’élève, adressé aux responsables de la mission espagnole, à travers notre site, n’a malheureusement pas trouvé d’écho. La lettre publiée sur notre site, le 11 juin, sous le titre « La mission espagnole en confinement total !! », est restée lettre morte.

Ni la conseillère à l’éducation au Maroc, Mme.María Antonia Trujillo, ni le directeur de l’école espagnole de Rabat, M.Carlos Alvarez, ni l’ambassade d’Espagne à Rabat, à travers son chargé de communication, M.José Crespo, n’ont daigné apporter des éclaircissements aux interrogations du pauvre parent, soucieux de l’avenir de son enfant.

Si nous avons décidé de revenir sur ce sujet, c’est qu’après investigation, il s’est avéré qu’une vingtaine d’enseignants seraient rentrés en Espagne juste après le début de la crise sanitaire. Dix d’entre eux ont été licenciés par la représentation du ministère espagnol de l’éducation à Rabat au motif d’abandon de leurs postes et pour avoir laissé en rade leurs élèves en pleine crise sanitaire.

C’est ce qu’ont confirmé certains médias espagnols. Selon le journal « El Español », ces dix personnes ont été licenciées, début avril, pour « abandon du pays et de leur emploi ». Elles ont été interdites de travail au Maroc pendant trois ans.

Avec le début de la pandémie, les écoles espagnoles du Maroc ont fermé leurs portes le 16 mars et les enseignants ont adopté le télétravail. « Certains enseignants avaient demandé par écrit à la représentation du ministère de l’Éducation à l’ambassade d’Espagne à Rabat de déménager et travailler depuis l’Espagne pour des raisons de santé, ou à cause de leur propre angoisse face à la possibilité de tomber malade dans un pays étranger », a rapporté le journal « El Español ».

En l’absence de réponse, ils ont décidé de s’installer en Espagne avant la fermeture complète des frontières et d’adopter le télétravail depuis leur domicile.

En avril, selon le journal « El Pueblo » de Sebta, le ministère de l’Éducation et de la Formation professionnelle (MEFP) avait dispensé, par courrier électronique, au moins vingt des enseignants intérimaires qui travaillait dans les centres éducatifs espagnols au Maroc.

Certains syndicats ont dénoncé, dans une déclaration commune, ces licenciements et ont adressé une lettre à la ministre du Travail, Yolanda Díaz, pour intercéder en leur faveur au regard de la situation difficile que traverse le monde entier.

Fin mai, le gouvernement espagnol a fait marche arrière en annonçant que les licenciements initiaux sont annulés, et qu’un dossier disciplinaire sera ouvert à l’encontre des enseignants en question.

Mais qui va payer l’addition ? Qui a pensé aux trois mois d’éducation volatilisés? 

Qu’en est-il des élèves qui ont raté tout un trimestre? Pourquoi a-t-on omis d’associer les parents d’élèves en les informant de cette mauvaise gestion? Qui va récompenser les parents qui ont payé d’avance, rubis sur ongle, les frais de scolarité ? Comment va-t-on rattraper le temps perdu?

Ce sont là autant de questions que les parents d’élèves se posent en ce moment dans une solitude totale. Un vrai gâchis!

Si le problème espagnol est aujourd’hui entre les mains de l’Exécutif et que cette affaire de licenciement est déjà réglée, cette crise aura au moins le mérite d’avoir révélé une situation jusqu’ici ignorée, mais clarifiée par une certaine presse espagnole.

Sur les 325 enseignants qui travaillent dans les onze écoles espagnoles, environ 80 sont intérimaires. Un enseignant du secondaire enseigne environ six groupes avec une moyenne de 25 élèves par classe et un enseignant du primaire peut avoir jusqu’à 300 élèves.

Dans une situation normale, il est déjà difficile de pourvoir ces postes en raison des conditions de travail, car au Maroc les stagiaires reçoivent environ 500 euros de moins par mois par rapport à un salaire au même poste en Espagne, selon la presse espagnole.

Aujourd’hui, des centaines d’élèves sont victimes de ce bras de fer entre les professeurs et la conseillère à l’Éducation, et si les frontières restent fermées, il sera impossible de trouver des substituts. Quant aux élèves et leurs parents, ils continueront à être le dommage collatéral de cette crise.