Poutine face à la « fronde » de Evgueni Prigojine, ancien cuisinier du Kremlin devenu patron du puissant groupe paramilitaire « Wagner »

Le Service fédéral de sécurité (FSB), service de renseignement de la Russie chargé des affaires de sécurité intérieure, vient d’annoncer l’ouverture d’une enquête pour « appel à la mutinerie ». Cette annonce intervient suite à la sortie médiatique vendredi d’Evgueni Prigojine, patron du groupe paramilitaire pro-russe Wagner, affirmant être entré en Russie avec ses troupes dans le but de renverser le commandement militaire russe.

 

 

Un développement dangereux qui n’a pas manqué de faire réagir le maître de la Fédération de Russie, qui poursuit son offensive en Ukraine depuis le 24 février 2022. Vladimir Poutine a dénoncé ce samedi la « menace mortelle » et le risque de « guerre civile » posés par Evgueni Prigojine. Il a exhorté le pays à s’unir. Qualifiant l’action des mercenaires de Wagner de « trahison », il a juré de leur infliger une « punition inévitable ».

 

 

Récapitulons: « menace mortelle », « guerre civile », « punition inévitable »… Les termes utilisés par Poutine suffisent à renseigner sur la gravité de la situation en Russie, dont l’armée s’est engluée dans le « bourbier » ukrainien, encaissant pertes sur pertes, humains et matériels confondus.

Le coup de force de Wagner, est le résultat d’un cumul de désaccords entre son patron et le commandement russe, accusé d’avoir ordonné des frappes meurtrières sur des camps de ses combattants pourtant engagés aux côtés de la Russie contre l’armée ukrainienne.

Qui est Evgueni Prigojine, l’ex-« cuisinier » de Poutine qui veut maintenant le « renverser »?

Evgueni Prigojine a émergé au tout début des années 90, alors que l’URSS était en train de s’effondrer. A cette époque, il venait de purger neuf ans de prison pour des délits de droit commun. Sorti de prison, il monte une affaire de vente de hot-dogs. Galvanisé par le succès foudroyant de son business monté à Saint-Petersbourg, il se lance dans la restauration de luxe et, en 2000, il pose ses valises au Kremlin, à la faveur de l’arrivée de Poutine au sommet de l’Etat russe. Depuis, les marchés publics pleuvent, pour le plus grand bonheur de son patron devenu multi-milliardaire.

Seulement, Prigojine avait « les yeux plus gros  que le ventre ». De la restauration, il passe au « métier de guerre » celui-là plus juteux, en fondant en 2014 un groupe paramilitaire dont le périmètre d’action déborde les frontières russes, comme en atteste sa présence en Syrie et en Afrique où il a aussi et surtout réussi à tisser sa toile.

Bras armé de Poutine à l’étranger, le groupe Wagner devient un acteur clef de l’offensive russe en Ukraine. Mécontent des revers militaires, considérés comme une « humiliation » par ses combattants constitués d’anciens combattants de l’ex-URSS, il entre en rivalité avec le commandement russe, accusé de ne pas l’aider suffisamment pour mener la guerre contre l’Ukraine, voire bombarder ses troupes installés en territoire ukrainien.