Vivons-nous une nouvelle forme de « chuobiya » ? (Par: Zakia Laaroussi)

Par: Zakia Laaroussi*

Au milieu des mouvements anti-arabes en Europe et du rejet de leur religion, avec la montée de l’extrême droite et de l’intolérance religieuse et ethnique au sein de cette frange de la société, il ne m’a pas échappé de rapprocher cela des épreuves que nous vivons en terre d’exil avec la pensée raciste perse qui a émergé de la haine des Arabes à la fin du règne des Omeyyades.

Les Perses fanatiques considéraient que les Arabes avaient renversé le dernier empire perse, représenté par la dynastie sassanide. Ainsi, l’un des symboles du nationalisme perse, considéré par certains comme le successeur de Zarathoustra, a contribué à la chute des Omeyyades en rejoignant la cause abbasside.

Ce n’est pas notre sujet principal, mais ce qui attire l’attention, c’est l’extrémisme qui unit les chauvins et l’extrême droite actuelle en Europe, en particulier en France, en s’appuyant sur une religion de haine et en minimisant l’importance des Arabes en général et en proclamant la haine de l’Islam.

Le chauvinisme reste présent avec ses composants et ses éléments, se répliquant et poursuivant ses activités sous une autre forme et avec d’autres peuples. Actuellement, nous voyons un courant d’extrême droite tenter de diminuer la valeur de la culture arabe en s’attaquant aux Arabes dans leurs modes de vie, leurs coutumes et en dénigrant leur religion, les associant à la violence et au retard, et en déformant tout ce qui touche aux Arabes et à leur culture sociale et religieuse.

Nous avons un besoin urgent de tous les talents littéraires et des plumes libres arabes en exil, ainsi que des non-Arabes, pour parler de cette guerre culturelle et idéologique à laquelle les Arabes sont confrontés dans la société européenne. Notre culture est ciblée et accusée de faillite par les extrémistes, notamment par l’extrême droite. Cela est étonnant dans une société européenne riche en diversité ethnique, culturelle et religieuse.

Les extrémistes déclarent une guerre intellectuelle et économique qui n’est rien d’autre qu’une guerre menée par une armée victorieuse… une guerre qui menace la paix et l’humanité et annonce un conflit des éléments avec le vent, un autre type de Daeshisme.

Mettre en lumière les similitudes entre le chauvinisme auquel les Arabes ont fait face pendant les périodes des Omeyyades et des Abbassides et l’extrême droite actuelle en Europe est crucial pour comprendre les défis actuels auxquels les Arabes et les musulmans en exil sont confrontés. Cette comparaison montre que les préjugés et le racisme ne sont pas des phénomènes nouveaux, mais se répètent sous des formes et des styles différents à travers les âges.

Les tendances racistes contre les Arabes et l’Islam de la part de l’extrême droite en Europe représentent une continuité des formes anciennes de chauvinisme, où les Arabes et les musulmans sont dépeints de manière négative et accusés de terrorisme et de violence. Ces idées prennent racine dans des concepts erronés et reposent sur des généralisations trompeuses, exploitant certains événements isolés pour justifier leur haine et atteindre leurs objectifs politiques.

Il est important que les écrivains et les intellectuels arabes et non arabes en exil mettent en avant cette réalité, et qu’ils expriment leurs expériences et défis de manière claire et percutante. Le travail littéraire et journalistique peut être un moyen puissant pour contrer ces idées extrémistes, en offrant des perspectives éclairées et basées sur des faits historiques et sociaux.

L’identité arabe et islamique doit être présentée dans son véritable cadre, loin des préjugés et des déformations. Promouvoir une compréhension correcte de la culture arabe et islamique peut contribuer à construire des ponts de compréhension et de respect mutuel dans les sociétés européennes diversifiées.

Nous devons reconnaître que la lutte contre ces idées extrémistes nécessite des efforts communs et variés, alliant le travail littéraire et médiatique, ainsi que l’activisme social et politique. S’accrocher à notre identité et en être fiers, tout en présentant des arguments solides et convaincants, est la voie pour faire face à ces défis et protéger notre place et notre culture dans les sociétés où nous vivons.

Ô vous, gens des tribunes et des plumes, et esprits éclairés, la fierté de notre identité contribue à notre ténacité et comble le vide créé par un présent qui contraste avec un passé intellectuel, scientifique, littéraire et politique prospère. Nous n’avons pas le temps de nous préparer à l’épanchement et à la prolixité, ni à la recherche de la notoriété et du pouvoir. Nous avons besoin de communication et de persuasion, de la puissance de la parole et de séduire les esprits avec des arguments solides comme le bâton de l’orateur face à Le Pen, qui tente de nous dénigrer en tant qu’immigrants et de dépeindre notre culture comme étant sale et dégradée, appartenant à des peuples à la peau sale, sans aucun lien avec la pureté.

*Poétesse marocaine basée à Paris.