Abdou CHERIF: hommage à un artiste parti trop tôt

La nouvelle du décès est tombée tôt ce vendredi et, moi, éperdu, presque sans voix, je me suspens encore à l’espoir de le voir en vie. « Abdou Cherif est parti », me dit Haj Younes, la voix brisée, à l’autre bout du fil.

Parti à 53 ans, trop jeune, beaucoup trop jeune pour partir…

Abdou Cherif était juste rentré de France, son pays d' »exil ». Mais c’est dans son pays qu’il a rendu son dernier souffle, précisément Casablanca, sa ville-berceau et tant chérie. Il n’a jamais oublié le pays qui lui a donné naissance…

Ma première (et dernière !) rencontre avec Abdou Cherif remonte à 1999. Il venait alors de rentrer d’Egypte, après un mémorable concert à l’Opéra du Caire, à l’occasion du 70ème anniversaire de la naissance d’Abdelhalim Hafed, son idole.

 

 

Une émotion me vient d’aussi loin qu’il m’en souvienne, celle d’un personnage sorti droit d’un roman. Beau, cultivé, élégant, sémillant… Un vrai gentleman.

Abdou Cherif avait tout pour devenir la plus grande vedette de la chanson arabe. Simplement, il ne put sortir du carcan où il s’était longtemps enfermé, celui d’interprète d’Abdelhalim Hafed. « Il avait un caractère fort et n’avait peut-être pas su épouser les belles opportunités qui s’offraient à lui, notamment de Helmy Bakr », grand compositeur égyptien, confie l’un de ses vieux compagnons de route.

 

 

De ce côté, on lui compte entre autres de belles reprises du répertoire classique, notamment cette immortelle qacida du Melhoun « Ghita » qu’il avait merveilleusement interprétée il y a six ans au Théâtre national Mohammed V, à Rabat.

Voilà, je préfère m’en tenir là. Je ne trouve pas assez de mots pour rendre à l’artiste ce qui lui appartient. Une grande perte pour la scène lyrique nationale et… arabe.

Qu’Allah apporte la force et la patience à sa famille, ses proches et amis pour surmonter cette épreuve.

Nous sommes à Dieu à Lui nous retournons.