PARTIS, SYNDICATS, PRESSE, CULTURE… CES CORPS INTERMEDIAIRES MALADES

Les enseignants entament ce lundi 27 novembre leur 6ème semaine de grève. L’offre de dialogue du chef du gouvernement aux syndicats n’a décidément pas trouvé écho au sein de la Coordination nationale de l’enseignement qui, de part sa représentativité (22 sous-coordinations) mène vraiment la danse de ce mouvement de contestation d’envergure.

L’avènement des « coordinations » n’est pas un phénomène nouveau, ni fortuit, encore moins éphémère. Pour s’en rendre compte, il n’est qu’à rappeler les actions déployées de 2007 à 2009 à travers plusieurs villes du Royaume (Bouarfa, Sidi Ifni, Sefrou, Errachidia, Guercif, Khénifra, Tata, Missour, etc.) par la Coordination nationale de lutte contre la vie chère et la détérioration des services publics.

Ce mouvement n’est certes pas structuré, mais il a tendance à se substituer à des syndicats en mal de représentativité, tout comme d’ailleurs les partis politiques, les associations, bref, tout ce qu’on peut identifier aisément comme des « corps intermédiaires ».

Ce mouvement n’est pas non plus un hasard des circonstances, il constitue un indicateur de crise de confiance. On reproche souvent à ces « corps intermédiaires » une démission par rapport à leur statut de contre-pouvoir, leur rôle dans la médiation entre le citoyen et l’Etat, la défense et l’encadrement des revendications de la rue. Un constat qui a trouvé toute sa résonance dans les discours de la plus haute autorité du Royaume, notamment le discours du Trône du 29 juillet 2017. « Si le Roi n’est pas convaincu par certaines pratiques politiques, s’il ne fait pas confiance à nombre de politiciens, que reste-t-il, donc, au peuple ? », avait noté à juste titre le Roi.

Dans ce même discours, le Souverain a été on ne peut plus clair et ferme pour dénoncer l’opportunisme d’une certaine classe politique généralement encline à se servir plutôt qu’à servir. « Quand le bilan du pays se révèle positif, les partis, la classe politique et les responsables s’empressent d’occuper le devant de la scène pour engranger les bénéfices politiques et médiatiques des acquis réalisés. Mais, quand le bilan est décevant, on se retranche derrière le Palais Royal et on lui en impute la responsabilité », a fait constater le souverain.

Ce constat est une nouvelle fois mis en évidence par cette quadrature du cercle entre, d’un côté la famille de l’enseignement, et de l’autre, le gouvernement et ses « partenaires sociaux ». Une crise qui, au-delà de son aspect strictement corporatiste, interroge l’utilité même des « corps intermédiaires », ou ce qu’il en reste.

Une remise à plat des modes de fonctionnement des partis, des syndicats, des associations, de la culture et de la presse s’impose aujourd’hui plus que tout autre temps. Ce travail nécessaire et salutaire passe par l’instauration d’une culture de transparence et du résultat.