Convocation du MAE algérien à Washington, embargo sur les ventes d’armes allemandes à l’ANP… Quand Tebboune, ami de Poutine, s’attire les foudres de l’Occident (décryptage)

Rien ne va plus entre l’Algérie et l’Occident, notamment les USA et l’Allemagne. Les indices envoyés par Washington et Berlin suite à la très controversée visite, mi- juin 2023, du président Abdelmajid tebboune à Moscou, confirment cette tension, même si Alger tente de le cacher sous des formules diplomatiques ronflantes. Premier indice, et il n’est pas des moindres: le 11 juillet, c’est le MAE Ahmed Attaf qui annonce, via sa page FB, avoir reçu de la part du Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken une « invitation » à se rendre, « dès que possible », à Washington. Il faut plutôt lire une « convocation » du MAE algérien à Washington, où des voix s’élèvent pour appeler à des sanctions contre l’Algérie en représailles contre sa violation de l’embargo imposé à la Russie de Poutine, premier fournisseur d’armes à l’Algérie.

Le message ferme transmis par Wendy Sherman, numéro deux du Département d’Etat, à la junte algérienne, lors de sa visite le 10 mars 2022 à Alger, semblait tomber dans l’oreille d’un sourd. Rupture des relations diplomatiques avec le Maroc (24 août 2021), fermeture du Gazoduc Maghreb-UE (31 octobre 2021), suspension du « traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération » avec l’Espagne (8 juin 2022) et, comble des provocations répétitives, la visite de Tebboune, mi-juin 2023 en Russie, dans un geste de défi envers l’Occident, engagé dans un bras de fer avec la Russie depuis son invasion de l’Ukraine le 24 février 2022.

Cette visite a été la goutte qui a fait déborder le vase. Et ce n’est surtout pas la MAE allemande, Annalena Baerbock, qui dira le contraire. Lors d’un point de presse conjoint avec Ahmed Attaf, le 22 juin 2023 à Berlin, Mme Baerbock a sévèrement recardé son hôte algérien, en lui demandant ouvertement de prendre position clairement contre « l’agression » russe de l’Ukraine. « Il faut dire clairement que la Russie est l’agresseur de l’Ukraine », lui-a-t-elle asséné. « Nous avons une grande divergences de vues de cette question », a-t-elle signifié à Ahmed Attaf, retourné les mains vides de Berlin, tout comme d’ailleurs Rome et Belgrade, qu’il tenté en vain de rallier à la position d’Alger sur la question du Sahara marocain.

Mais passons, car un rebondissement inédit dans les relations algérois-allemandes surgit. L’Allemagne, troisième fournisseur d’armes à l’Algérie (11%), après la Russie (67%) et la Chine (13%), aurait décidé d’imposer un embargo sur ses ventes d’armes à l’Algérie. « Depuis le début de l’année 2023 et notamment depuis juin dernier (Ndlr: visite de Tebboune à Moscou), les contacts initiés par le ministère algérien de la Défense avec plusieurs groupes industriels allemands spécialisés dans les livraisons et productions d’armes sophistiquées ont été gelés, voire rompus, attestent nos sources. Les partenaires allemands ont pris soudainement leurs distances vis-à-vis de l’Armée algérienne et de nombreuses demandes de pourparlers, de négociations pour la conclusion de nouveaux contrats d’armes n’ont donné aucune suite favorable et n’ont pas suscité de réaction au sein des milieux industriels d’armements allemands », dévoile le site spécialisé « defense arabic.com », dans son édition électronique du 11 juillet.

L’Algérie, qui est connue comme un client traditionnel des armes russes et chinoises, est devenue le principal acheteur d’armes allemandes au cours des quatre dernières années, selon de nouvelles données publiées par l’Institut international de recherche sur la paix (SIPRI) basé à Stockholm.

14,6 milliards de dollars de contrats avec les Allemands sont donc en jeu, de quoi donner des insomnies à une junte algérienne techniquement dépassée par rapport aux Forces Armées Royales.