L’Histoire de l’humanité a été marquée par des épidémies et des pandémies qui ont fait des millions de décès et ont décimé des populations entières pendant quelques mois, voire quelques jours seulement. L’une des premières pandémies ravageuses a été enregistrée à Athènes vers l’an 430 avant JC. Venant d’Ethiopie, la peste d’Athènes frappa de plein fouet d’abord l’Egypte, puis la Libye avant de trouver refuge à Athènes. Cette pandémie aurait fait plus de 200.000 morts parmi la population d’Athènes. La peste d’Antoine aurait tué plus de 10 millions de personnes en Mésopotamie. La grippe espagnole est apparue d’abord aux USA en 1918 avant de se propager en France (1918-1919) et dans d’autres pays dont notamment l’Inde et la Chine. Très contagieuse et ayant un taux élevé de létalité, cette grippe a causé la mort de plus de 30 millions de personnes. L’Inde était le pays le plus touché avec 18,5 millions de morts soit presque 6% de la population totale du pays. Les sociétés humaines ont dû faire face à d’autres épidémies et pandémies dont le choléra ( 1926), la grippe asiatique ( 1956-1957) et plus récemment le SIDA et le SARS qui a infecté 8096 personnes dans une trentaine de pays.
Enfin, le COVID-19 qui a déclenché une terreur inédite de la population de toute la planète face à un ennemi invisible et infiniment petit, mais malveillant et particulièrement dangereux. Apparu il y a quelques mois dans la ville chinoise de Wuhan, le nouveau coronavirus a fait jusqu’à présent plus de 146.000 décès dans le monde. Les USA, première puissance industrielle et militaire au monde est, pour le moment, le pays le plus endeuillé (plus de 33.000 morts au 17 avril 2020), suivi de l’Italie (plus de 22.000 décès), l’Espagne (19.135) et la France (presque 19.000 morts). La Chine, premier foyer et premier épicentre du nouveau coronavirus au début de l’année 2020, occupe désormais le 8ème rang avec 4636 décès, juste après l’Iran qui compte 4869 morts à cause du COVID-19. Le nouveau coronavirus a infecté, jusqu’à présent, plus de 2,16 millions de personnes à travers le monde dont 671.000 aux Etats-Unis d’Amérique.
Pour faire face à une accélération exponentielle de la pandémie, la majorité des pays ont restreint la liberté de circulation des populations. Parmi les autres mesures prises à cet effet, il y a lieu de citer la fermeture des frontières, des restaurants, des musées et même des écoles et universités etc. Au 30 mars dernier, 2,3 milliards de personnes à travers le monde ont été obligées à rester à la maison. Outre le confinement total ou partiel, les populations ont été contraintes de respecter scrupuleusement les consignes ayant trait à la distanciation sociale. Ainsi, du jour au lendemain, le monde se trouve figé et ne ressemble plus à ce qu’il était auparavant. L’économie a été mise à l’arrêt.
Fortement secouées par cet ennemi infiniment petit mais redoutable, la plupart des gouvernements ont eu recours à la rhétorique guerrière. Elles ont eu tendance à dramatiser la situation pour mieux mobiliser les populations et surtout éviter les critiques et les divergences politiques. L’armée a été envoyée au secours de la population civile. Sa mission consiste à faire respecter le confinement. La ville ressemble à un champ de combat occupé par des soldats mais qui ne peuvent ni se défendre ni attaquer, car l’ennemi n’est qu’un organe vivant microscopique dont la taille serait de 0,01 et 0,3 micromètre, un agent infectieux et partant malveillant, invisible à l’œil nu. A l’instar de ses ancêtres, l’homme du 21ème siècle va perdre quelques batailles mais va certainement finir par gagner la guerre contre cet ennemi invisible.
Pour un débat serein et responsable sur l’après-Covid-19
Pour le moment, il est indiscutable que la priorité absolue doit être accordée à la lutte contre la propagation du virus. Mais, cela ne doit pas amener les responsables à éluder un débat serein et responsable sur l’après COVID-19. La réflexion doit être engagée le plus tôt possible pour analyser profondément et objectivement cette expérience tragique en vue d’en tirer les principaux enseignements. Le temps est venu de commencer à préparer les réponses adéquates à des situations similaires. Il faut absolument se donner le courage politique pour identifier et mieux comprendre les causes de cette impuissance devant l’invasion de cette petite créature. La réflexion à engager doit amener les responsables à prendre des décisions urgentes sur les politiques économiques, budgétaires, sociales et culturelles….
La question qu’ils doivent se poser après le COVID-19 est très simple mais d’une importance cruciale pour l’avenir des êtres humains sur la planète Terre. Doit-on continuer la même politique ou décider une rupture totale avec les politiques économiques et sociales néolibérales en vigueur depuis des décennies et qui ont quasiment détruit le système de santé public par des privatisations massives ?? Le résultat est inquiétant. La santé devient une marchandise comme toutes les autres dont la qualité et la quantité dépendent de la loi de l’offre et de la demande, et partant du pouvoir d’achat du client.
En 2005, l’assemblée mondiale de la santé a adopté la résolution 58.33 sur la couverture médicale universelle. Aujourd’hui, et 15 après l’adoption de cette résolution, la couverture universelle demeure une illusion, un vœu pieux pour des millions d’êtres humains. Après le COVID-19, il faut faire des choix judicieux. Il faut choisir entre les armes hypersoniques, les avions de combat, les drones et les missiles balistiques d’un côté ou les infrastructures hospitalières et la recherche scientifique en matière de santé. Autrement dit, un choix entre les facteurs de la mort et de la destruction ou les conditions à créer pour la préservation de la vie. Il y a des centaines d’années, on aurait accusé à tort Arès, dieu de la violence, de la guerre sanglante et de destruction dans la mythologie grecque. Aujourd’hui, il parait clairement que c’est l’homme et ses choix impertinents qui doivent être mis sur le banc des accusés. L’homme doit endosser la responsabilité de cet échec et rectifier le tir, car il risque d’être entièrement balayé de la terre par la plus petite des créatures.