En Algérie, « la criminalisation/judiciarisation de l’action politique est érigée en système », a dénoncé le parti des Travailleurs, l’une des formations politiques de l’opposition les plus influentes dans ce pays.
Trois ans après le déclenchement du mouvement de protestation « Hirak », « les lois liberticides se multiplient » et elles traduisent « une volonté assumée de la part des autorités d’en-camisoler toute la société algérienne, de caporaliser l’activité politique, la presse pour imposer le maintien de l’ordre ancien rejeté par l’immense majorité », lit-on dans un communiqué publié à l’issue de la session hebdomadaire du secrétariat du Bureau politique du parti.
Tout en évoquant l’interdiction de toute activité politique commémorative du soulèvement du 22 février 2019, et l’arrestation de dizaines de citoyens, le parti a souligné qu’il s’agit d’un constat qui confirme « la régression sans précédent depuis 1988 sur le terrain des libertés ».
Sur le plan social, le Parti des travailleurs a accusé le pouvoir en place d’avoir opté pour « le bradage » du secteur public.
« Il est désormais clair, le pouvoir en place a opté pour le bradage du secteur public, y compris des entreprises jusque-là protégées par la Constitution, à l’international par le retour aux privatisations –desertificatrices- qui, depuis 1994, ont dévasté des pans entiers de l’économie nationale, confisqué les chances d’un développement économique durable.
Revenant sur la Loi de Finances 2022, le parti a noté qu’elle » a constitué une « véritable déclaration de guerre contre l’immense majorité du peuple », rappelant que trois ans après le soulèvement populaire Hirak, le « constat est alarmant ».
En plus des « restrictions épouvantables en matière d’approvisionnement en eau potable (qui) nous renvoient 30 ans en arrière » et de la gestion « catastrophique » du Covid-19 par le gouvernement, qui « a mis à nu l’incurie totale et l’absence d’anticipation et de prospective », le PT s’alarme que « la misère s’étend et prend à la gorge les salariés, chômeurs et retraités et couches vulnérables ».
« Les couches moyennes ont disparu, rejoignant les couches pauvres, laminées par l’effondrement continu du pouvoir d’achat », constate-t-il encore, tout en dénonçant l’effondrement du pouvoir d’achat en Algérie.
Pour le PT, les décisions portant gel des taxes contenues dans la LF 2022 et l’établissement d’une allocation chômage ne sauraient « ramener l’espoir » devant la « flambée des prix des produits de première nécessité » surtout, parce que la Loi de Finance contient encore « de nombreuses dispositions scélérates antisociales et anti-économiques meurtrières, dont la suppression des transferts sociaux et le retour au bradage du secteur public et nationalisées ».
Face à cette situation, le PT préconise des mesures « audacieuses » telles que « la réouverture des offices et des grandes surfaces publiques » et « le plafonnement des prix » pour instaurer le monopole de l’Etat sur le commerce.
Il appelle au « gel de toutes les dispositions qui ont déclenché la spirale infernale des prix dans la LF2022 dont « la suppression des transferts sociaux et la privatisation des banques et entreprises publiques ».
Il a plaidé également pour « l’aide de l’Etat aux agriculteurs » et en faveur d’ »une augmentation immédiate, effective des salaires et pensions et leur indexation sur le coût de la vie pour relancer la consommation et donc enrayer la récession ».