En marge de la table ronde sur la migration qu’il a co-présidée, hier vendredi, lors du 6ème sommet UE-UA, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, s’est livré sans tabous dans une interview à RFI.
Dans la forme, M. Bourita a d’abord concédé « une évolution » sur les véritables questions mises sur la table du sommet, à leur tête la migration, véritable « serpent de mer » dans les relations afro-européennes. Mais « ce qui est important, c’est le mécanisme de mise en oeuvre et quelle volonté la partie européenne mettra derrière les conclusions », a relevé le chef de la diplomatie marocaine, pragmatique.
«Objectiver les chiffres» et changer la perception, Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères 👇
Fin du sommet UE–UA qui s’est tenu ces deux derniers jours à Bruxelles. Au menu : la gouvernance, la sécurité, le changement climatique, mais aussi l’immigration…👇 pic.twitter.com/4wIBy9Foh8— RFI (@RFI) February 18, 2022
Avant de parler chiffres (vous verrez loin), M. Bourita a d’abord planté une pique à « certains pays européens » qui visent à « diaboliser » et « rendre la migration comme un sujet de divergence entre l’Europe et l’Afrique ». La migration est chose trop sérieuse pour être instrumentalisée à des fins bassement politiciennes ou électoralistes.
C’est cette perception biaisée, sournoise, que l’Afrique doit elle-même combattre en portant le débat au coeur de l’Europe, où « certains pays » tentent de faire accréditer une fausse perception du phénomène de la migration. « C’est à l’Afrique d’aller convaincre. C’est à l’Afrique de montrer le coût de la fuite des cerveaux. C’est à l’Afrique de démontrer quel a été l’apport de la migration pour les pays européens pendant la pandémie. C’est à l’Afrique de combattre le discours qui se développe ici », a appelé le ministre Bourita, précisant que « la migration est une chance » pour l’Europe.
Les arguments de M. Bourita contre les arguties des thuriféraires de la xénophobie
« Il faut parler chiffres, pas perception et politisation d’un phénomène dans le cadre des agendas électoraux, dans le cadre des dynamiques politiciennes propres à certains pays européens. Il faut objectiver les chiffres, les données », a affirmé le ministre Bourita.
« Les migrations africaines sont à 80% intrafricaines. Sur 5 Africains qui sortent de leur pays, 4 restent sur le continent. En Europe, c’est seulement 12% des migrants qui sont Africains. Et donc, il n’y a pas de déferlante africaine sur l’Europe. Il n’y a pas d’envahissement de l’Europe par l’Afrique. C’est plus un discours politique qui se développe ici, en Europe, qu’une réalité objective », a expliqué M. Bourita.