Dévasté par la pandémie, Bollywood peine à voir le bout du tunnel

Par : Driss HACHIMI*

A coup de confinements et de restrictions imposées en raison de la pandémie de Covid-19, l’industrie cinématographique indienne, la plus grande au monde en termes de nombre de films produits et la deuxième après Hollywood en termes de portée mondiale, peine toujours à voir le bout du tunnel.

De grandes productions cinématographiques ont été annulées ou reportées, tandis que des dizaines de milliers de salles de cinéma fermées entraînant des pertes d’emplois par milliers à travers le pays.

Plus de 1.800 longs-métrages sont produits en Inde chaque année dans différentes langues dont plus de 250 sont en langue hindie, populairement connue sous le nom de films de Bollywood.

En temps normaux, les recettes annuelles de Bollywood au box-office s’élèvent à 30 milliards de roupies indiennes (environ 402 millions de dollars), alors que le chiffre d’affaires du secteur de divertissement dans le pays s’établit à plus de 30 milliards de dollars. Cependant, les fermetures liées au Covid ont lourdement pesé sur le secteur.

Selon des professionnels, l’industrie cinématographique indienne aurait perdu plus de 1,6 milliard de revenus en salles en 2020-2021, en plus d’un impact supplémentaire sur les revenus en termes de ventes liées à la publicité.

De même, plus de 250.000 travailleurs, dont des artistes, des maquilleurs, des décorateurs, des techniciens et des danseurs, ont été touchés par la pandémie, selon la Fédération des employés du cinéma de l’Inde.

Bien que les restrictions imposées aux espaces publics ont largement enfoncé le clou pour un secteur déjà en agonie, certaines productions laissent entrevoir une lueur d’espoir.

En fait, le box-office semble se redresser lentement, en grande partie grâce à des succès en langue tamoule, notamment Master qui a collecté environ 33 millions de dollars et Krack en langue telugue, qui a rapporté environ 8,15 millions de dollars.

A Bombay, fief de Bollywood, le long-métrage « Radhe » de la superstar Salman Khan, sorti en mai dernier, a redonné éclat à un secteur en déclin.

Les gains du film ne font qu’augmenter et il semble que Radhe parviendra à gagner suffisamment d’argent que Salman avait annoncé qu’il ferait don des bénéfices du film aux efforts de lutte contre Covid-19 .

Il en est de même pour la légende vivante, Shah Rukh Khan, l’acteur le plus titré du cinéma indien, qui a fait son retour d’acteur après une pause de trois ans avec « Pathan ».

Shah Rukh Khan, alias SRK, a été vu pour la dernière fois dans le film Zéro sorti en 2018, qui a explosé le box-office indien. Le film mettait en vedette Katrina Kaif et Anushka Sharma dans les rôles principaux.

Les salles de cinéma étant toujours presque vides en raison des restrictions sanitaires dans de nombreuses régions du pays, plusieurs producteurs choisissent de sortir leurs films sur des plateformes de streaming sans attendre une sortie en salles.

En fait, le numérique a connu un boom avec des abonnements vidéo passant de 384 millions de dollars à 575 millions de dollars, alors que des professionnels estiment que ce chiffre a atteint plus de 760 millions de dollars à fin 2021.

Alors que les cinéphiles sont coincés chez eux, les plateformes de services multimédias en continu sont devenues le nouveau grand écran. Il existe plus de 45 services du genre en Inde, également appelés plateformes over-the-top (OTT). Les tendances du secteur indiquent qu’avec l’accès à de meilleurs réseaux, à la connectivité numérique et aux smartphones, les plateformes numériques en Inde attirent de plus en plus d’abonnés au quotidien.

Prime Vidéo d’Amazon, Disney ou encore Netflix sont autant de plateformes ayant permis de maintenir les liens entre des millions d’indiens férus du 7ème art et leurs films préférés.

Selon des professionnels, le marché indien du streaming devrait croître de 31% entre 2019 et 2024, avec des revenus atteignant plus de 3 milliards de dollars.

*MAP