L’Institut espagnol de la sécurité et de la culture a publié, ce mardi 30 novembre, un rapport dans lequel il met en garde les autorités espagnoles contre la montée en puissance du Maroc dans plusieurs domaines: militaire, diplomatique et stratégique.
Même si les auteurs de ce rapport excluent toute intervention militaire marocaine dans les présides, les îlots et rochers occupés, ils avertissent toutefois que « le réarmement du Maroc constitue une menace pour l’Espagne ».
Du coup, le rapport recommande une surveillance accrue des activités du royaume autour de ces territoires occupés qu’il qualifie de « zone grise » en rappelant que: « Rabat utilise des stratégies hybrides et des opérations d’influence en zone grise ». Par stratégies hybrides, les auteurs de ce rapport pointent du doigt l’afflux des migrants vers la ville occupée de Sebta et la fermeture des frontières avec les deux présides occupés.
Autant dire, préviennent-il, qu’il il faut pallier les faiblesses de l’Espagne dans cet espace: « Il est temps de traiter avec rigueur des vulnérabilités qui ne devraient pas être car l’Espagne en tant qu’État doit savoir être proactif dans pareil cas ».
Le Maroc, indique le think tank espagnol, cherche à modifier le statu quo dans cette zone en recourant à des stratégies d’usure sans utiliser les armes conventionnelles: « Le Maroc veut atteindre les objectifs d’une guerre sans faire la guerre », précise le rapport. Ses auteurs en veulent pour exemple la ruée de milliers de migrants marocains vers Sebta qui a obligé l’armée espagnole à intervenir.
Ils évoquent, par ailleurs, la stratégie du Maroc visant à rechercher des soutiens extérieurs pour satisfaire ses revendications territoriales à l’instar de la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les États-Unis. Autant dire que les auteurs de ce rapport craignent que le royaume ait recours à ce même procédé pour la récupération de ses villes, ilots et rochers occupés par l’Espagne.
Le rapport souligne, en outre, que le Maroc cherche à faire pression sur l’Espagne pour influencer sa politique étrangère (ndlr: sa position sur le Sahara marocain) en utilisant comme leviers « le contrôle des flux migratoires, la coopération antiterroriste ou la ratification périodique des accords de pêche de l’Union européenne ».
Le rapport aborde par la suite le volet militaire en considérant que le renouvèlement de l’arsenal militaire du royaume ainsi que le mémorandum d’entente militaire signé avec Israël vont « réduire l’écart des capacités militaires existant entre le Maroc et l’Espagne ».
Il faut donc, préviennent les chercheurs espagnols, tenir compte de ce facteur même si, estiment-ils, le Maroc n’ira pas jusqu’à attaquer les deux présides occupés de Sebta et Mélilia.
Mais il est clair que les capacités militaires du Maroc lui donnent un avantage moral dans cette zone et sème le doute chez les autorités espagnoles quant à leur capacité à défendre les présides occupés de Sebta et Melilia, conclut le rapport.