Paraît-il, la Tunisie a une explication à son abstention de vote pour la résolution 2602 sur le Sahara marocain. Et c’est le conseiller auprès du président KAIS Saied, Walid Hajjem, qui s’est chargé de la fournir. « La Tunisie reste attachée à ses relations fraternelles et historiques avec tous les pays maghrébins. Et reste tout aussi attachée au principe de la neutralité positive concernant le dossier du Sahara occidental« , a-t-il dit. Point, à la ligne.
Parlons d’abord de cet « attachement de la Tunisie à ses relations avec TOUS les pays maghrébins ».
Il paraît qu’il va falloir en penser quelque chose. Or, à moins que Tunis ne se trompe d’histoire ou de géographie, elle ne peut oublier que les pays maghrébins sont au nombre de 5 (bien cinq). Pour s’en rendre compte, M. Kais Saied, ex-professeur de droit constitutionnel avant de décrocher les clefs du palais de Carthage, n’a qu’à se référer simplement à l’acte constitutif de l’UMA co-signé le 14 février 1989 à Marrakech, par feus SM Hassan II, Zine el-Abidine Ben Ali, Chadli Benjedid, Mouammar Kadhafi et Maaouiya Ould Taya. Dans cet acte constitutif, n’est-ce pas M. le président?, il n’est nullement question de « Sahara occidental »?
De quelle « neutralité positive » parlez-vous alors, Monsieur Saied?
Venant d’un président rodé et érodé par tant d’années passées dans l’enseignement de droit, cette explication a de quoi étonner.
Tunisie, le « choix » des perdants
Mais passons, car la question est ailleurs. Parlons clair, parlons vrai. Le « vote blanc » exprimé par la Tunisie, hier vendredi, au bord de l’East River dans l’arrondissement de Manhattan, n’excipe pas d’un quelconque choix, encore moins d’une conviction. Il est clair qu’en votant « nul », la Tunisie a joué le jeu malsain du régime militaire algérien, passé maître-chanteur quand il s’agit de contrecarrer la souveraineté du Maroc sur ses provinces sahariennes. Dit autrement, le palais de Carthage qui, pour en avoir souffert longtemps, connaît fort bien la capacité de nuisance de la dictature algérienne métastasique, craint pour sa stabilité plus que tout autre chose.
Seulement voilà, Tunis doit savoir qu’en flirtant avec les satrapes d’Alger, elle s’est mise inéluctablement du côté des perdants. Un, on ne pactise avec un régime en rupture de ban, qui plus est ostracisé sur la scène internationale. Deux, on ne sacrifie pas des intérêts solides avec le Maroc sur l’autel d’intérêts sordides avec un régime à la dérive. Trois, le peuple marocain a une mémoire et n’oubliera peut-être jamais le faux bond tunisien, pour ne pas dire le « coup de poignard » planté dans le dos de son pays.
Et puisqu’il s’agit ici de mémoire, il s’avère utile de rappeler au président Kais quelques gestes du Royaume envers le peuple tunisien frère, à leur tête l’initiative sans précédent du Roi Mohammed VI quand, fin mai 2014, le Souverain, accompagné du prince héritier Moulay El Hassan, de quatre conseillers royaux et de onze ministres, a été le premier Chef d’État à se rendre en Tunisie depuis le déclenchement de « la révolution du jasmin en 2011 ». Moment fort et inoubliable de cette visite historique de solidarité, le Souverain est allé rencontrer sans protocole les simples citoyens tunisiens, dans les rues de la capitale.
Un geste de solidarité fort qui n’est pas sans rappeler celui de feu SM Hassan II quand, devant des médias français, le souverain défunt avait affirmé que le Maroc était prêt à défendre militairement la Tunisie si elle était attaquée (voir vidéo ci-contre).