La mouture définitive du projet de résolution qui sera voté vendredi 29 octobre est tombée. Et le premier constat qui se dégage à la lecture de ce projet, dont les États-Unis sont le porte-plume, est qu’il recommande au nouvel envoyé personnel du SG de l’ONU, Staffan de Mistura, de réunir les parties selon le même format établi par son prédécesseur, Horst Köhler, initiateur des pourparlers quadripartites (Maroc, Algérie, « polisario » et Mauritanie), tenus les 5 et 6 décembre 2018, et le 22 mars 2019, à Genève, en Suisse.
Dans le chapitre 3 du projet de résolution, le Conseil de sécurité salue « l’intention de l’ancien Envoyé personnel d’inviter le Maroc, le Front polisario, l’Algérie, et la Mauritanie à se réunir à nouveau dans le même format, et se félicite de l’engagement du Maroc, du Front POLISARIO, de l’Algérie et de la Mauritanie tout au long de ce processus, dans un esprit de réalisme et de compromis, pour assurer une issue positive« .
La voie est donc balisée pour le nouvel émissaire du SG de l’ONU, Staffan de Mistura, appelé à capitaliser sur les avancées réalisées durant tout le processus politique initié en 2006 à Manhasset, en banlieue new-yorkaise, sur la base de l’Initiative du Maroc pour l’octroi d’un statut d’autonomie pour le Sahara.
Peine perdue pour Alger qui voulait que Staffan de Mistura fasse table rase des acquis accumulés et parte d’une « feuille blanche », en dépit des efforts colossaux déployés par ses prédécesseurs pour avancer dans la négociation d’ « une solution politique réaliste, praticable, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara occidental fondée sur un compromis » (Paragraphe 2 du projet de résolution).
Un double camouflet est ainsi infligé à Alger, dont la responsabilité en tant que principale partie au conflit est clairement établie par l’instance décisive de l’ONU; l’autre camouflet est le désaveu de la thèse éculée, de surcroît impraticable de l’aveu même de l’ONU, soit le « référendum d’autodétermination« .
Dans le paragraphe 8 du projet de résolution, référence est faite au rapport du 14 avril 2008 (S/2008/251) selon lequel « le réalisme et l’esprit de compromis par les parties sont essentielles pour faire avancer les négociations« .
Mais passons, car, dans le paragraphe 6, le Conseil de sécurité « réaffirme la nécessité de respecter pleinement les accords militaires conclus avec la MINURSO en ce qui concerne le cessez-le-feu et appelle les parties à se conformer pleinement à ces accords, à mettre en œuvre leurs engagements envers l’ancien Envoyé personnel et à s’abstenir de toute action susceptible de déstabiliser davantage la situation au Sahara occidental« .
Le « polisario », qui avait annoncé la fin du cessez-le-feu au lendemain de l’intervention pacifique des FAR le 13 novembre 2020 à El Guergarat pour débloquer l’axe routier reliant l’extrême sud marocain à l’extrême nord mauritanien, n’a donc qu’à bien se tenir, autant que son mentor algérien d’ailleurs.
Épinglé dans le rapport présenté début octobre par le SG de l’ONU, Antonio Guterres, sur la restriction du mouvement du personnel de la Minurso, il se voit rappeler à l’ordre par le Conseil de sécurité. Dans le paragraphe 7 du projet de résolution, le Conseil de sécurité: « Réitère son appel à toutes les parties à coopérer pleinement avec la MINURSO, y compris sa libre interaction avec tous les interlocuteurs, et à prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité ainsi que la liberté de mouvement et l’accès immédiat du personnel des Nations Unies et du personnel associé pour exécuter leur mandat, conformément aux accords existants« .
Last not least, le Conseil de sécurité demande une nouvelle fois à Alger d’autoriser le recensement de la population des camps de Lahmada-Tindouf, et « encourage les parties à coopérer avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés afin d’identifier et de mettre en œuvre des mesures de confiance, notamment pour impliquer les femmes et les jeunes« .
À la lumière de toutes ces recommandations, on comprend aisément l’extrême nervosité d’Alger qui s’est manifestée dernièrement, via son pseudo « émissaire pour le Sahara »(!), le dénommé Amar Belani, pour exprimer son rejet de toute participation aux tables rondes. Par cette attitude irresponsable, de surcroît lâche, elle met à rude épreuve la patience du Conseil de sécurité. Lequel sait pertinemment que le « polisario » n’est qu’un faux nez de la junte militaire tapie au Club des Pins, à Alger.