Staffan de Mistura, né le 25 janvier 1947 à Stockholm, est un diplomate italo-suédois. Il a ce calme olympien des Suédois et ce caractère trempé des Méditerranéens. Une jonction que réussit à merveille ce vieux routier de la diplomatie que l’on surnomme: « l’homme des missions impossibles ».
Ancien sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères puis ministre adjoint des Affaires étrangères au sein du cabinet italien dirigé par Mario Monti, le compteur de Staffan de Mistura affiche une trentaine de missions onusiennes.
L’optimiste incurable…
Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Irak (2007-2009) et en Afghanistan (2010-2011), Représentant personnel du Secrétaire général pour le Sud-Liban (2001-2004) et Directeur du Centre d’information des Nations unies à Rome (2000-2001)… les missions de M. de Mistura l’ont notamment conduit à se rendre en Afghanistan, en Iraq, au Rwanda, en Somalie, au Soudan ou encore en ex-Yougoslavie.
Des missions quasi-impossibles dans les points de conflit les plus chauds au monde, mais face auxquelles Staffan de Mistura a affiché un optimisme chronique… incurable.
À l’optimisme qui lui est inféodé corps et âme, M. de Mistura combine un sens de la créativité et de l’initiative généralement rare chez les diplomates généralement tenus par l’obligation de réserve.
Le diplomate « créateur »…
Dans un long portrait de Staffan de Mistura publié à la fin du mois de juillet 2015 dans le quotidien britannique The Guardian, la journaliste Janine di Giovanni écrit qu’il a développé une diplomatie « innovatrice et créatrice », racontant qu’il avait convaincu une compagnie aérienne d’amener de la nourriture dans « Kaboul affamé », en 1989 ; qu’il avait peint en bleu les chameaux du Programme alimentaire mondial transportant des vaccins au Soudan « pour que les hélicoptères puissent les repérer et les protéger »; ou encore qu’il avait utilisé des passeurs pour « briser le siège de Sarajevo et apporter des repas et des couvertures aux habitants désespérés ».
« L’homme des missions impossibles »
Le futur émissaire du SG de l’ONU pour le Sahara est réputé être « L’homme des missions impossibles ». Et à ce titre-là, la première mission de M. de Mistura s’annonce extrêmement difficile: amener Alger à s’asseoir à la même table avec le Maroc pour trouver une issue politique tant attendue au faux différend créé autour des Provinces sahariennes marocaines.
Le 24 août dernier, Alger avait rompu ses relations diplomatiques avec Rabat. Le rétablissement des relations entre les deux parties s’avère donc nécessaire, pour relancer les pourparlers quadripartites de Genève, initiés le 5 décembre 2018 dans la capitale suisse.
Le Maroc conditionne toute reprise du dialogue à la participation d’Alger, principale partie au conflit. Une condition à laquelle Alger tente bon an mal an de se soustraire, sous prétexte qu’elle n’est qu’un « pays observateur ».
En somme, autant d’embûches sur le chemin… d’une solution politique au différend plus que quarantenaire qui continue d’hypothéquer l’avenir de toute une région.
Une chose reste pourtant sûre: M. de Mistura pourrait compter sur le soutien des États-Unis, porte-plume des résolutions du Conseil de sécurité, pour faire bouger les lignes. la reconnaissance US, fin décembre 2020, dénote une forte volonté américaine de solder ce conflit hérité de la défunte époque de la guerre froide.