Mohamed El GAHS rend un dernier hommage touchant au leader syndicaliste et militant socialiste de la première heure Noubir Amaoui, qui nous a douloureusement quittés hier mardi. Un témoignage édifiant sur la stature et le parcours atypique d’un homme qui a été de tous les combats, écrit avec coeur et authenticité. Le Collimateur reproduit in extenso le témoignage de notre frère de plume M. El Gahs.
« Engagement. Le mot semble désuet. Mort et enterré sur le front du triomphe bruyant de l’horreur économique, médiatique, mondialiste, individualiste et déshumanisante. Pourtant, certains osent encore brandir ce qui paraît être une lointaine et défunte utopie. Vieillerie des temps jadis où les Hommes prétendaient encore, dans un élan collectif, solidaire et volontaire, changer la vie. Changer le monde. Un instant, un instant seulement, nous submerge une nostalgie. Des mots arrivent même à allumer des rêves de combat, des velléités d’enthousiasme.
On se remémore des épopées ordinaires de ce qu’était une morale en action. Oh, rien d’héroïque. Juste une manière d’honorer son être d’Homme en remettant en cause l’injustice, l’arbitraire, l’exploitation. L’écrasement du grand nombre par l’arrogance, la cupidité, le mépris et souvent la cruauté d’un monde médiocre et cynique qui ne prévoit pas naturellement la possibilité du bonheur. Cela s’appelait comment déjà… ce désir de justice et de liberté ? Cette adhésion à quelque chose qui nous dépasse et nous élève: un destin commun à construire ensemble, meilleur pour chacun et pour tous. Un dessein fait de pensée et d’actes. Une manière de vivre dignement et pourquoi pas joyeusement son humanité… Une vie.
Oui, peut-être cela s’appelait-t-il l’engagement. C’était grand. C’était noble. C’était beau. L’époque ne l’a pas supporté. Il en est mort, nous disent ces éternels contempteurs. Erreur: ce désir d’humanisme, cet élan de grandeur, ces promesses de l’aube ne s’éteignent jamais. Ils ne meurent pas. Ils peuvent accuser les coups, les assauts et les vents contraires des époques, plier pour ne pas rompre, prendre des itinéraires inédits, s’adapter, temporiser, se ressourcer… mais toujours pour rejaillir.
Cette lueur, des femmes et des hommes l’incarnent, l’entretiennent, en transmettent le rayonnement et la passion dans les cœurs et les esprits. De génération en génération, entre le cri et le silence, se perpétue ce propre de l’Homme: l’espérance. Où le chemin compte autant que la destination. Et ce chemin-là justifie une vie.