La reconnaissance US de la marocanité du Sahara aurait suscité à Paris « la crainte que cette décision ne pousse le Maroc à faire pression sur la France afin qu’elle prononce une déclaration similaire« , relève l’International Group Crisis, dans un rapport de briefing diffusé sur son site officiel le 11 mars, sous le titre « Réengager des efforts internationaux au Sahara occidental« .
« Un responsable français et un ancien diplomate ont déclaré que l’annonce de Trump était un problème pour Paris, car la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental contrevient en effet au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité« , relève encore l’IGC, ONG US proche du président Joe Biden. Toutefois, « Paris, toujours selon la même source, pourrait profiter de cette annonce pour relancer le Plan d’autonomie marocain, lequel servirait de base à une résolution permanente du conflit« .
Ces éléments réunis ont poussé l’International Group Crisis à conclure que la position de la France demeure « nuancée« , comparée à celles de l’Espagne et de l’Allemagne, plutôt hostiles à la reconnaissance américaine de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur ses Provinces sahariennes.
Pour rappel, la France avait réaffirmé, au lendemain de la reconnaissance US de la marocanité du Sahara, son soutien à l’offre d’autonomie marocaine, comme alternative sérieuse et crédible au conflit créé autour du Sahara. Une position qui ne date pas d’hier, pas plus d’ailleurs que celle des États-Unis qui, depuis l’ère Clinton, est restée favorable à l’Initiative du Maroc pour l’octroi d’un statut d’autonomie au Sahara, à la base du lancement, en avril 2007, du processus de Manhasset, sous l’égide de l’ONU.
Ce soutien de la France à l’offre d’autonomie est en soi une reconnaissance de la marocanité du Sahara, même si Paris ne le dit pas officiellement.
Il faut noter que plusieurs responsables français, y compris au sein du parti au pouvoir « La République en Marche » (LREM), se sont élevées dernièrement pour appeler le président Emmanuel Macron à « suivre l’exemple » des États-Unis et reconnaître à son tour la souveraineté du Maroc sur ses Provinces sahariennes.
Reconnaissance de la marocanité du Sahara: pour la France n’a pas (encore) franchi le pas?
La question agite les esprits depuis le 10 décembre 2020, qui marque la reconnaissance US de la marocanité du Sahara. À raison d’ailleurs, puisque la France a toujours été aux côtés du Maroc et elle a même usé de son droit de veto en tant que membre du Conseil de sécurité pour dissuader une tentative visant à porter atteinte aux droits du Royaume sur ses provinces sahariennes.
Dans les actes, la France est donc clairement pour la marocanité du Sahara. La question qui s’impose toutefois est de savoir quand elle « joindra la parole à l’acte » (si l’on ose écrire) et se prononcera ouvertement pour la marocanité du Sahara.
Sur ce point, force est de constater que l’Elysée a fait le choix de la temporisation. Et pour cause, elle doit gérer un régime algérien schizophrène qui n’hésite pas à recourir à toutes les formes de harcèlement voire de chantage aux intérêts pour l’empêcher de franchir le pas. Elle doit aussi composer avec une Europe qui, faute de courage politique, n’a souvent pas su prendre les devants de la scène et agir efficacement en vue d’une issue politique à un conflit inventé de toutes pièces par un régime militaire algérien grabataire, en rupture de ban, incubateur des germes de séparatisme voire de terrorisme et de déstabilisation dans une région extrêmement sensible.
Ne pas regarder cette vérité en face risque de coûter cher à la région et à l’Europe qui ne peut enfouir sa tête dans le sable indéfiniment. La France en tant qu’acteur international et régional clé, est appelée à se hisser au niveau des défis et peser de tout son poids pour solder un conflit qui n’a que trop duré.