Les États-Unis ont dit tout haut ce que tout le monde pensait tout bas, y compris nos « frères » algériens qui, au fond, sont eux-mêmes convaincus de la marocanité du Sahara, à plus forte raison les voisins européens, dont le passé colonial a donné naissance à des aberrations géographiques dont l’Afrique paie le prix encore et toujours.
Jusqu’à ce 10 décembre 2020, personne ne s’imaginait que les États-Unis allaient prendre en premier le train, laissant en rade une Europe qui, au nom de sa légendaire « bien-pensance« , a manqué un nouveau rendez-vous, un de plus, avec l’avenir.
Est-il besoin de rappeler les déclarations dont se sont fendus des responsables européens, notamment en Espagne et en Allemagne, en réaction à la reconnaissance US de la souveraineté du Maroc sur ses Provinces sahariennes?
Une chose est sûre: Alger et son rejeton séparatiste n’auront pas trouvé mieux pour contester cette décision au prétexte qu’elle est « contraire au droit international« , lequel est arboré tel un épouvantail chaque fois qu’il s’agit de faire bouger les lignes et les esprits dans le sens d’une solution politique à un conflit pourtant inventé de toutes pièces.
L’intérêt soudain de l’Europe pour « le processus onusien » n’a d’égal que cette volonté perfide et malveillante à maintenir le statu quo sur cette question, malgré sa longévité (45 ans) et ses implications désastreuses, d’abord pour les 20.000 sahraouis marocains qui continuent d’être pris en otage par le régime militaire algérien et sa tumeur séparatiste au mépris de leur dignité, leur liberté et leur droit à disposer d’eux-mêmes.
L’on vous fait grâce des implications régionales de ce différend artificiel pour le Maghreb. Le coût du non-Maghreb représenterait une perte annuelle variant de un point à deux points de croissance. L’on vous fait l’économie de ses implications pour la sécurité sahélo-saharienne, les camps de Tindouf étant devenus une fabrique pour les officines jihadistes s’activant dans cette zone.
Voyez, on pourrait allonger davantage la liste des conséquences regrettables induites par ce conflit artificiel, mais abrégeons car, là n’est pas la véritable préoccupation de l’Europe.
Hypocrisie, quand tu nous tiens!
Rappelez-vous bien: le 15 décembre 2020, la ministre espagnole des Affaires étrangères s’était manifestée dans les médias pour prétendre que « l’Espagne avait aussi des intérêts au Sahara« . Arancha Gonzalez Laya ne s’est peut-être pas rendu compte que cette prétention contredisait « la position de principe » affichée jusque-là par son pays, notamment ce fameux «principe d’autodétermination» qui continue d’être renié toutefois au « peuple catalan »!
Mais passons car la MAE espagnole a le mérite de la clarté. On ne la remerciera jamais assez d’avoir ôté le masque et dévoilé au grand jour l’autre visage de l’Espagne et de l’Europe en général, celui de maîtres-chanteurs. Le verdict rendu en 2018 par la Cour de justice européenne suffit à mettre en évidence le double jeu de cette Europe, qui veut le beurre et l’argent du beurre. On ne peut négocier un accord de pêche au Sahara et en même temps claironner que c’est « une zone en conflit« !
Mais voilà, il s’avère que l’enjeu déborde le périmètre du conflit autour du Sahara.
Europe: les enjeux cachés de la « guerre » faite au Maroc
Le Maroc est en train de s’imposer en tant qu’acteur clef de la période post-Covid. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le Royaume figure aujourd’hui au Top 10 mondial des pays qui ont réussi leur campagne de vaccination et sera donc parmi les premiers qui vont décoller économiquement.
La crise sanitaire due au nouveau coronavirus n’a pas freiné la dynamique de développement qui se poursuit à un rythme soutenu, en perspective du véritable décollage économique post-Covid. Port Tanger-Med première infrastructure portuaire dans la Méditerranée en 2020 en matière de transit de marchandises. Le port Dakhla Atlantique est déjà dans le pipe et promet d’être la future plaque tournante du trafic commercial transatlantique. El Guerguarat est complètement sécurisée pour assurer le trafic des biens et des personnes entre le Maroc et sa profondeur africaine. La route de la soie parvient jusqu’en Espagne et El Guerguarat sera le passage obligé pour la concrétisation de ce projet chinois prometteur. La Zone de libre-échange africaine (Zlecaf) est dans la dernière phase de préparation avant son lancement. Idem pour le projet stratégique gazoduc Maroc-Nigeria qui alimentera non seulement la partie ouest de l’Afrique, mais aussi et surtout l’Europe, via l’Espagne.
Autant d’atouts majeurs qui promettent de faire du Maroc un acteur clef de la région euro-méditerranéenne, pour ne pas rester dans l’unique sphère africaine. Cette belle promesse d’avenir n’est toutefois pas vue de cet oeil lucide à l’autre côté de la Méditerranée.
Entre des intérêts solides et des intérêts sordides, l’Europe doit faire son choix. Et le plus vite serait mieux car le train n’attend pas les retardataires…