L’ambassadeur du Royaume du Maroc en Italie, Youssef Bella, a accordé hier une interview à l’agence de presse italienne, ANSA, au sujet de la situation à El Guergarat, avant et après l’intervention des Forces armées royales. Dans cette interview, dont lecollimateur.ma reproduit une synthèse, le diplomate marocain établit la responsabilité de l’Algérie, véritable « architecte » du conflit régional créé autour du Sahara marocain. Tour d’horizon.
« Les protestations de ces derniers jours au Sahara occidental par les Sahraouis « n’étaient pas des protestations de civils mais il s’agissait de l’introduction des milices armées du Polisario dans la zone tampon de Guerguerat, documentée par les observateurs de l’ONU. Les civils présents ont été utilisés par le Polisario, soutenu par l’Algérie, comme boucliers humains », a d’emblée précisé le diplomate marocain.
Face à cette situation de blocage, le Maroc ne pouvait évidemment rester les bras croisés. Le 13 novembre, les Forces armées royales (FAR) sont intervenues à El Guergarat, sans intention belliqueuse et de manière professionnelle, comme en témoigne le déroulement pacifique de l’opération.
« L’action du Maroc a été pacifique, inoffensive et sans aucun contact avec les civils et en présence des observateurs de l’ONU eux-mêmes », a certifié le diplomate marocain.
« Ces intromissions qui ont bloqué le transit des personnes et des biens au passage stratégique entre l’Afrique et l’Europe de Guerguerat – dit le diplomate – représentent une violation par le groupe armé séparatiste des accords de cessez-le-feu et une menace pour la sécurité et la stabilité de la région ».
Répondant à une question sur les risques sécuritaires, même pour le Maroc lui-même, de la situation au Sahara occidental qui traîne sans perspectives depuis des décennies, M. Balla rappelle que le référendum d’autodétermination « a été abandonné en 2000 par le Conseil de sécurité de l’ONU parce qu’il était politiquement et techniquement irréalisable et qu’aucune résolution n’y fait référence depuis cette date. En effet, il ne s’agit pas d’un principe de la Charte des Nations Unies mais seulement d’un instrument technique. Pour cette raison, l’ONU a entamé un processus politique pour parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique, durable et basée sur le compromis ».
Le Maroc, a souligné l’ambassadeur, « a répondu à l’appel de l’ONU en 2007 avec l’initiative d’autonomie selon les standards internationaux et qualifiée par le Conseil de sécurité de « sérieuse et crédible ». Malheureusement les autres parties, l’Algérie et le Polisario, sont restées ancrées dans des positions intransigeantes et maximalistes, sans se soucier de la situation des milliers de personnes qui vivent depuis 40 ans dans les camps de Tindouf en Algérie dans des conditions dramatiques, privées de liberté sous le système de contrôle répressif de fer des milices du Polisario ».
Sur la faisabilité réelle d’un processus de négociation conduisant à une paix véritable et à une solution équitable, l’ambassadeur souligne que « la dynamique du processus politique a déjà été entamée par le Secrétaire général sous les garanties du Conseil de sécurité de l’ONU pour parvenir à une solution politique et réaliste basée sur l’initiative d’autonomie présentée par le Maroc.
« Notre pays – ajoute-t-il – a toujours exprimé son attachement irréversible aux efforts du secrétaire général ».
Selon le diplomate, « c’est désormais aux autres parties et surtout à l’Algérie, véritable architecte de ce différend régional, de s’engager sérieusement dans ce processus politique selon les paramètres fixés par le Conseil de sécurité lui-même et la forme des tables rondes de Genève ».
« La solution de ce différend sur le Sahara marocain – conclut-il – donnerait un élan important à l’intégration régionale qui souffre de ce problème et libérera énergie et compétences pour la construction d’un avenir commun ».