Finalement, la liste tant attendue des bénéficiaires de la subvention « exceptionnelle » aux arts a été dévoilée par le département El Ferdaous. Exceptionnelle de par son contexte inédit, celui de la pandémie qui a affreusement affecté ceux qui ont fait le choix audacieux et néanmoins pénible de vivre de leur art ou leurs plumes. Exceptionnelle de par la forte symbolique que l’initiative incarne aux yeux d’une communauté d’artistes qui, jusqu’il y a peu, n’était même pas reconnue juridiquement, et continue d’être privée des droits sociaux les plus élémentaires (CNSS, pensions de retraite, etc)… ceux-là mêmes dont bénéficieront désormais le travailleur domestique, le serveur de café, le guide touristique, etc.
Or voilà, il s’avère que les heureux « élus » des « LIJAN » (commissions d’aide à la production et la promotion artistiques) relevant du département El Ferdaous, dont les noms n’ont curieusement pas été dévoilés, sont pour leur grande majorité d’illustres inconnus, leur apport à la vie artistique étant quasiment nul.
La majorité des heureux « élus » des « LIJAN » du département El Ferdaous font plus parler d’eux à travers FB ou Instagram, qu’à travers des créations proprement dites artistiques. Et il n’est qu’à consulter les comptes des bénéficiaires (dont des galeristes prospères) pour s’apercevoir qu’ils n’ont vraiment pas besoin de subvention publique, à l’opposé d’autres artistes qui ont fait la grande histoire de la scène lyrique nationale mais qui, à défaut d’une réelle stratégie culturelle, se retrouvent dans le besoin, voire le dénuement.
Le cri de détresse lancé, hier mardi 29 septembre, par la diva Latefa Raafat (voir vidéo ci-contre), résonne de toute la force de l’injustice dont pâtissent les artistes, que la fierté et la dignité empêchent souvent de taper aux portes du département auquel ils ne sont réellement liés que par une carte d’artiste qui, in fine, ne sert pas à grand-chose.
Le département El Ferdaous qui, par souci de transparence, a dévoilé la liste des bénéficiaires, doit en faire de même et révéler les critères sur lesquels ses « LIJAN » ont établi la liste des bénéficiaires.
Il va sans dire que lesdits critères si tant est qu’il y en ait eu, sont tout sauf objectifs. Il n’échappe d’ailleurs à personne que, toutes proportions gardées, le travail desdites commissions pèche par un excès de subjectivité, sans parler du favoritisme et du clientélisme qui nous a déjà valu une logorrhée de navets insipides.
La nécessité se fait ainsi jour de revoir de fond en comble la politique d’aide publique à la production artistique. Cette politique a davantage profité aux « stratèges des deniers publics », qu’à l’activité proprement dite artistique.
La question est de savoir comment immuniser les producteurs de la « forja » et du beau contre des spéculateurs peu scrupuleux… ces nouveaux parvenus de la rente artistique qui sont à l’affût de la moindre occasion pour se servir… et ne jamais servir.
Quand c’est trop c’est trop!