S/t. Une grossière caricature de la situation des libertés au Maroc
Ce n’est même pas une déclaration, un appel ou une pétition… c’est carrément un MANIFESTE, intitulé pompeusement « CETTE OMBRE EST LA ».
Le manifeste étant un écrit théorique par lequel des créateurs lancent un nouveau mouvement esthétique… ou une proclamation de personnes pour attirer l’attention du public afin de l’alerter sur un fait.
Avec ce manifeste des 400 artistes et travailleurs et travailleuses culturels marocains, on est dans le deuxième cas de figure… On tient à nous alerter… et alors on retient le souffle !!
Les 400 ont tenu à dénoncer le fait que:
« Nos revendications politiques en tant qu’artistes ont toujours été source d’angoisses. Nous militons sous cette menace constante du Pouvoir qui peut potentiellement nous emprisonner, nous faire souffrir, nous anéantir ».
Pour convaincre les sceptiques, le manifeste a même mobilisé la poésie… un très moche « huitain » (8 vers !!)… un poème lugubre de mauvaise facture pour installer une pseudo atmosphère apocalyptique. Le « rimailleur-alerteur » est très peu inspiré:
« Cette ombre est là, constamment// Cette ombre provoque une précarité psychologique// Cette ombre est sournoise, illogique// Pour toute personne, qui ose ne pas courber l’échine ».
S’estimant en danger, les signataires déclarent:
« Si ces violations de nos droits élémentaires continuent de se produire au quotidien, c’est que nous sommes toutes et tous constamment en danger! »… « Aujourd’hui, ils attaquent les journalistes. Demain, ils nous attaqueront toutes et tous ».
Bref, un discours manipulatoire, servi par un raisonnement inductif, forcé, pour vendre la psychose et alerter sur la « dangerosité de l’ombre » !!
Et de conclure par un « cri de guerre » comme celui des « farfadets ou des louveteaux chez les scouts »:
« Soyons prêtes et prêts ! Organisons nous » !!
Nous savons tous que les libertés individuelles au Maroc (y compris ces textes archaïques et ces lamentables pesanteurs sociales entretenues par les milieux obscurantistes) ne peuvent s’apparenter au modèle occidental qui a, lui-même, ses failles! Mais notre pays n’est ni la Corée du Nord, ni l’Iran ou l’Afghanistan.
S/t. Des signataires induits en erreur
Parmi les signataires, on retrouve des personnes qui exercent des responsabilités officielles… ou qui font partie de commissions nationales… Des cinéastes très prospères ayant bénéficié à plusieurs reprises de substantielles subventions… Des comédiennes et comédiens, des actrices et acteurs… cinéma, théâtre, télévision… qui ne sont pas du tout au chômage et mènent de brillantes carrières… Des artistes plasticiens et des acteurs culturels qui, selon leurs propres dires, n’ont jamais été inquiétés ou censurés…
En plus de ces signataires obscurs s’autoproclamant artistes ou travailleurs culturels … il y a des noms très connus, mêmes des célébrités, qui bénéficient en toute légitimité de cet éventail diversifié d’aides et de subventions que les pouvoirs publics ont prévu pour les secteurs culturels, tous en crise.
Le Maroc est un des rares pays, de la région dont la stabilité et la Paix sociale permettent, tout au long de l’année, l’organisation, massive et dans la quiétude, d’activités artistiques et culturelles nationales et internationales, dans tous les champs de création.
Un pays où la subvention publique fait vivre les arts, où les artistes et les acteurs culturels sont écoutés, soutenus et estimés. Personne ne peut le nier !
Et surtout, les créateurs sont libres. A part quelques polémiques provoquées par les pseudos vertueux « obscurantistes », leur créativité n’a jamais été mise en question.
Le manifeste cite deux cas. Celui du rappeur « Stalin » âgé de 19 ans (et non pas 17 ans comme écrit) présenté par le manifeste comme condamné définitivement à 4 ans de prison pour une chanson contestataire… alors que sa peine a été réduite à 8 mois en appel en janvier 2020.
C’est vrai… même un jour de prison pour ce gamin c’est de trop!! Mais utiliser le mensonge et la désinformation dans ce manifeste pour vendre la psychose est également intolérable.
Le deuxième cas est celui des « Hlayqias de la Place Jamaa El Fna » qui ont été interdits de manifester, donc victimes bien entendu de « l’ombre ».
En voyant la liste des signataires, la crédibilité du manifeste prend un sacré coup ! On s’interroge si ces signataires ont vraiment le sentiment « d’être en danger »… et vivent réellement « sous la menace constante du pouvoir qui peut potentiellement les emprisonner, les faire souffrir, les anéantir » (sic!):
Abdelillah Eljaouhary… Abdellah Kerroum… Faouzi Bensaidi… Hicham Lasri… Jamila Elhaouni… Leila Marrakchi… Meryem Zaimi… Mhamed Arejdal… Abdellah Taïaa… Driss Ksikes….Abderrahim Yamou…
Aujourd’hui, très nombreux sont les signataires indignés qui veulent retirer leur nom. Ils reconnaissent avoir « machinalement » signé le manifeste sans même le lire…
Ils affirment avoir été induits en erreur par un vague « bouche à oreille »… d’amis auxquels ils ont fait confiance !! Ce n’est qu’après avoir lu attentivement le texte qu’ils ont compris, disent –ils, que les instigateurs ont des agendas et des combats qui ne sont pas les leurs !!
Parmi ceux qui ont retiré leur signature, figure Hicham Daoudi, promoteur artistique, qui s’est senti abusé et trahi. Malgré ses multiples tentatives de retirer son nom du manifeste, qu’il qualifie de « brûlot », il continue d’être épinglé parmi les signataires. Très affecté, il dénonce cette instrumentalisation de personnes par des activistes… qui ne servent que leurs propres intérêts et agenda.
Il n’en demeure pas moins qu’il est désolant que des gens extrêmement avertis … « et qui la lisent dans le ciel… » comme dit le dicton marocain… puissent signer un manifeste sans le lire… Ils en sont aujourd’hui affligés et consternés !
S/t. Un texte ambigu, confus et un tapage international inouï autour de l’affaire Omar Radi
Le manifeste mélange, insidieusement: revendications politiques, militantisme, liberté de créer, liberté de la presse et cette affaire Omar Radi, qui est pendante devant la Justice de son pays.
Il donne l’impression de parler des libertés des artistes et des acteurs culturels (et ce, afin d’aller dans le sens des signataires), mais il perd en cours de route, à chaque fois, son sujet, et bifurque vers la presse.
Ce manifeste aurait gagné en cohérence et honnêteté s’il avait été signé par des journalistes !! On aurait mieux compris!
Le manifeste divise « arbitrairement » la presse marocaine en 2 catégories:
– la mauvaise « réactionnaire, diffamatrice et perverse qui se place dans la continuité directe du quadrillage policier et répressif des Marocaines et des Marocains ».
– la bonne avec des « activistes et journalistes indépendants qui subissent des lynchages publics » et dont l’exemple type est Omar Radi.
Le sujet fondamental du texte est bien le journaliste Omar Radi poursuivi par la justice marocaine pour « viol » et « réception de fonds étrangers dans le but de porter atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat ».
Bien évidemment, il bénéficie de la présomption d’innocence… Si les soupçons qui pèsent sur lui ne sont pas fondés, tout le monde le défendrait (dans son pays et ailleurs) sans qu’il soit obligé de mobiliser un “illusoire filet étranger”.
Mais tout ce tapage international fait autour de sa personne par une coalition de milieux constamment hostiles au Maroc suscite des interrogations.
Devant l’ acharnement médiatique international, certains avancent que les charges pesant sur Omar Radi sont « prouvées » et que ses soutiens internationaux le savent… Alors tout ce tapage international serait dans la continuité de ce titre de film: « Il faut sauver le soldat Ryan ». C’est leur point de vue !!
La coordination est évidente. Juste avant la publication du manifeste des 400,… « Amnesty international » et plusieurs ONG internationales dont la « Fédération Internationale pour les Droits de L’homme » et l' »Organisation Mondiale de Lutte contre la Torture » ont exprimé leur « inquiétude au sujet du harcèlement judiciaire continu et prolongé contre M. Radi de la part des autorités marocaines ».
Sachant aussi que ces ONG détournent le regard de ce qui se passe en Palestine et dans des zones où les droits de l’homme sont massivement piétinés.
L’AFP et plusieurs médias internationaux ont largement répercuté l’affaire. Le manifeste dans sa conception, sa stratégie et sa rédaction ne parait pas être destiné à l’opinion publique marocaine… mais plus destiné à une médiatisation internationale.
Certains disent aussi que derrière ce manifeste, il y aurait un autre « coup monté » cette fois-ci à travers la manœuvre inédite qui a prétendu mobiliser 400 personnes du milieu de l’art et de la culture… pour les opposer aux Institutions de leur pays.
Ils ajoutent qu’Omar Radi est lui-même « instrumentalisé »… et pas que lui d’ailleurs !!
Enfin, plusieurs s’accordent à dire que le principal combat que doivent mener les authentiques femmes et hommes du monde des arts et de la culture… est contre « l’obscurantisme ». C’est là que se trouve la menace contre les libertés.